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Dans la famille des Sergio des westerns spaghetti, je demande Corbucci. Pas aussi doué que son frère Leone pour filmer de furieuses épopées, mais assurément assez bon artisan pour créer une ambiance nihiliste des plus admirables. Si le récit du Grand Silence est mieux tenu et l’atmosphère plus onirique, ce Django porté aux nues ne démérite pas. En ce sens, l’introduction est remarquable : l’arrivée de Django avec son cercueil, les sévices infligées à une jeune femme par deux camps opposés et l’entrée dans la ville et le saloon. La présentation des personnages est d’une efficacité redoutable et le cadre impeccablement planté. Dans cette ville boueuse où la vie semble s’être retirée, toutes les tragédies sont possibles. Jusqu’à la demi-heure, le film est une réussite totale. Les personnages sont fascinants, les mystères nombreux et l’attente bien construite. Mais une fois que le cercueil se vide de son mystère dans une scène de tous les excès, le récit s’évente et on a le sentiment que l’intrigue ne tient plus.


Passé le mystère, le nihilisme de l’ensemble ôte tout sens à un récit qui n’a pas grand-chose à raconter et qui piétine avant de se relancer en toute fin de route. Le résultat est sympathique et on apprécie, notamment, la violence graphique de l’ensemble et la façon dont chaque personnage est croqué, mais les enjeux sont trop minces. On pourra, en ce sens, préférer Le Grand Silence qui pousse plus loin la noirceur de son propos et qui se révèle nettement plus cohérent dans ce qu’il a à raconter. La figure qu’il dessine et la façon dont Franco Nero l’interprète sont cependant des éléments majeurs dans la construction des caractéristiques du genre. Autrement dit, en dépit de ses maladresses, voilà un western spaghetti incontournable pour en comprendre les mécanismes.


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le 16 mai 2024

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PIAS

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