Le film coréen du samedi soir

Dr. Cheon and the lost talisman est un film coréen sorti en 2023 et réalisé par Kim Seong-sik, dont c’est le premier film. A mentionner que j’ai pu le visionner lors du Festival du film coréen à Paris (FFCP) qui diffuse des films coréens qui ne sortiront pas forcément en France (foncez, c’est très sympa).

Le film raconte l’histoire de Dr.Cheon, le fils d’un chaman assassiné par un mystérieux sorcier, qui s’est reconverti dans des faux exorcismes. Il garde deux reliques de son père, une clochette qui indique la présence d’esprits et une épée brisée. Ainsi, s’assurant à chaque fois qu’aucun esprit est dans le coin lors de ces exorcismes, il met en scène grâce à un acolyte de faux démons qu’il chasse à grand renfort d’effets sonores et lumineux. Une activité fort lucrative jusqu’au jour où il tombe nez à nez avec une fillette réellement possédée.

Tout d’abord, en terme d’image et de mise en scène, le film reste dans la droite lignée de ce qu’il est possible de voir dans les films coréens. L’image bleu-orangée donne un ton froid et épouvante certes pas révolutionnaire mais efficace. Ainsi, les transitions entre les scènes et jour et de nuit se font naturellement, sans que ça suive un schéma classique et tranchant de film d’horreur jour-nuit-jour-nuit (vous connaissez la musique). La mise en scène reste dans la même veine avec des chorégraphies de combats prenantes et une inspiration à la Sherlock Holmes qui est toujours aussi plaisante à voir. Je rajouterais également le sound design toujours aussi impeccable notamment lors des combats en participant vraiment à faire ressentir la violence des coups (un des points un peu invisible mais tellement maitrisé dans les films asiatiques). Enfin, la musique fait le travail avec quelques fulgurances dans les scènes comprenant le tambour mais sans qu’elle en devienne mémorable.

Côté scénario, l’histoire même si elle reste classique, est intéressante car prenant place dans le chamanisme coréen qui est peu connu. Elle permet de nous en présenter pas mal d’aspect (le kut, les totems, les transes, les divinités, etc) et de découvrir ce folklore assez rafraichissant. La partie comédie (qui est ma préférée) est largement maitrisée avec tout ce que la comédie coréenne a d’exagérément drôle. C’est aussi le moment le plus critique sur la société sud-coréenne, prête à se débarrasser de démons imaginaires à coups de liasses de billets. Et les acteurs se donnent à coeur joie pour interpréter les différents rôles pas tant clichés qu’ils en ont l’air dans un premier temps (et petit clin d’oeil aux fans de Kpop qui pourront apercevoir Jisoo, une des membres des Blackpink dans une scène tout aussi comique que le début du film).

Comme points négatifs, car ce film en comporte néanmoins, le film fait sentir qu’il veut devenir une franchise sur plusieurs suites. On ne se fait ainsi rapidement plus de soucis pour les héros principaux du film ainsi que son dénouement. Cela donne une fin épique en demi-teinte car on connait sa résolution bien avant qu’elle survienne. Le côté épouvante du film est également très léger et il ne faut vraiment pas s’attendre à ce type de film. Moi, qui y suis plutôt sensible, je n’ai pas frissonné une seule fois. Rétrospectivement, j’aurais aimé plus de scènes de frisson, ce qui aurait accentué les enjeux de l’histoire.

En conclusion, Dr. Cheon and the lost talisman reste dans la veine des films sans prise de tête à voir comme un pur divertissement de bonne qualité. Si vous n’êtes pas familier du cinéma coréen, il permet une bonne introduction à ce monde cinématographique dans sa mise en scène et son humour particulier. Il délivre un petit message aussi sur le chamanisme en Corée ce qui est assez rare (en tout cas de ce qui parvient en France) pour le souligner. Ainsi, si vous voulez du divertissement mais que vous en avez assez des films à l’américaine, je vous le conseille sans hésitation.

(Et désolé encore pour le pavé)