Dragon Gate - La Légende des sabres volants par cloneweb

Le réalisateur hong-kongais Tsui Hark a une carrière plutôt réussie. Il a révélé Jet Li en 1989 avec The Master et enchainera avec lui les Il Etait Une Fois en Chine. Producteur des Histoires de Fantômes Chinois, ce n’est que quand il a tenté de faire des films américains qu’il s’est cassé les dents (Piège à Hong Kong, et Double Team).
Après « Détective Dee Le Mystère de la flamme fantôme en 2010″ et en attendant le prequel « Young Detective Dee : Rise of Sea Dragon » tous deux librement inspirés des aventures du Juge Ti (ou Dee, donc), Hark revient avec Dragon Gate, stupidement titré en français « la légende des sabres volants » (en écho au Secret des Poignards Volants sorti en 2003).

Les films d’arts martiaux ont toujours été mal distribués en France. En dehors de Tigre et Dragon et de quelques tentatives dans les années qui ont suivi, peu de distributeurs osent sortir ces oeuvres en salles et il faut très régulièrement vers le blu-ray pour combler une envie de combats de sabres et guerriers volants. Si c’est parfois complétement crétin, ça l’est moins quand le film n’est pas à la hauteur. Et il est triste de dire qu’ici le résultat n’est pas celui qu’on espérait.

Tsui Hark se serait-il planté ? Pas si sûr. Son Dragon Gate regorge de qualités autant que de défauts. Le film a la particularité d’être un remake sans en être un. En 1992, Tsui Hark reprend L’Auberge du Dragon de King Hu sorti en 1966. La version 2013 est donc une sorte de remake du remake, si ce n’est que le réalisateur également scénariste a veillé à ce que l’histoire ne soit pas la même. Reste néanmoins l’idée d’une auberge dans un endroit paumé où vont se croiser des personnages.
Malheureusement pour le spectateur, Hark choisit de complexifier le plus possible son histoire et nous perd en chemin. Il implante un contexte histoire, où le pays est dirigé d’une main de fer par des eunuques sous la dynastie Ming et mélange les personnages. Ainsi, le héros -un rebelle voulant libérer son pays- va croiser sur son chemin une de ses ex, qui se fait passer sans qu’on sache pourquoi pour lui, elle-même sauvant une concubine. Tout ce petit monde va se retrouver dans le désert, ainsi qu’un des eunuques et son armée, une bande de brigands et le sosie du méchant principal. Rien n’est correctement justifié et on est vite perdu dans le récit, on se demande globalement pourquoi tous ces gens sont arrivés là. On a la sensation que Tsui Hark a voulu a absolument cherché à justifier des choses qui n’en avait pas besoin pour parvenir à ses fins en matière de scènes d’action.
Ajoutez à cela des effets numériques parfois incroyablement ratés (et parfois très bons, allez savoir), des incrustations sur fond vert assez dégueulasses et vous avez suffisamment d’éléments pour passer votre chemin.

Néanoins, c’est Tsui Hark à la réalisation et qui plus est en 3D. Le metteur en scène se fait plaisir avec le relief pour le plus grand bonheur de ses fans, utilisant des armes pouvant « jaillir de l’écran » dont un passage avec une longue chaine qui n’est pas sans rappeler ce qui se faisait à l’époque de Revenge of the Shogun Women. Les scènes d’action sont toujours aussi incroyables et on prend un vrai plaisir à les suivre. Le numérique permet d’ailleurs des choses assez folles, encore plus qu’à l’accoutumé, le point d’orgue étant un face à face incroyable au coeur d’une tornade.
Au delà du fait qu’on est sorti du récit par son coté bordélique, on ressent au final une sensation que les différentes étapes de l’histoire ne sont là que pour justifier la scène d’action suivante : une auberge dédiée aux combats, une tornade arrivant pile au bon moment pour un sacré duel, un temple sorti de nulle part pour rajouter un décor avec des statues, etc…

De fait, on fera abstraction de Dragon Gate, finalement un Tsui Hark mineur pour mieux revenir aux réussites du réalisateur que sont les Il Etait une Fois en Chine ou plus récemment le fameux Detective Dee.
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le 22 mai 2013

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