Accompagné de sa nouvelle compagne psychothérapeute, un père emmène son fils dans l'ancienne maison de campagne familiale (conçue visiblement par un cocaïnomane fan de fenêtres) pour que ce dernier guérisse du traumatisme de la mort de sa mère encore hélas bien présent dans ses cauchemars. Les premiers jours de cohabitation sont difficiles mais un mystérieux attrape-rêves volé à une vieille voisine semble curieusement soulager les maux nocturnes de l'enfant... avant de les empirer...


Énième film d'épouvante mettant en son coeur une relation plus que compliquée entre une belle-mère et un enfant, "Dreamkatcher" va bien évidemment se servir de l'outil surnaturel comme d'un détonateur à tous les non-dits qui font obstacles à la naissance d'un possible lien affectif. Ici, il s'agira d'un dreamkatcher, un anti-dreamcatcher qui, au lieu de bloquer les mauvais rêves, ouvrent leurs portes à des ténèbres pas franchement sympathiques. Certes, ce simple changement de lettre à un objet de superstition pour créer son pendant maléfique a tout l'air d'être une idée scénaristique qui ne se cache même pas de prendre les spectateurs pour des andouilles particulièrement gratinées mais, soit, il faut bien reconnaître que l'on a déjà vu pire avec ce genre de pitch et on est prêt à accepter ce postulat... disons... "abracadabrantesque" s'il débouche sur un film d'épouvante un tant soit peu bien mené.


Hélas, même avec les attentes les plus minimales à son égard, ce long-métrage réalisé par Kerry Harris va se relever famélique dans à peu près tout ce qu'il entreprend. Niveau épouvante, le film brille par sa platitude effroyable : que cela soit du côté de la pauvreté de sa mythologie (tout ça prend très vite le chemin d'une banale affaire de possession) ou de ses ressorts archi-classiques entourant les actions d'un enfant insupportab... -euh, pardon- maléfique, n'espérez absolument aucun frisson novateur véhiculé par "Dreamkatcher" !
Trahi par sa brièveté (à peine 1h15 sans le générique), le film a également toutes les peines du monde à étoffer la substance de son propos et choisit rapidement la facilité de graviter autour d'un même schéma de séquences (l'héroïne tente de se rapprocher de l'enfant, il s'éloigne d'elle en faisant n'importe quoi, ils se réconcilient avec une papouille, l'enfant fait encore pire, etc). Jusque dans sa structure bancale où il passe la plupart de son temps à temporiser la montée en puissance des événements pour ensuite expédier son acte final catastrophique au plus vite, "Dreamkatcher" ne fait que démontrer la faiblesse flagrante de sa proposition.
Ne comptez pas non plus sur l'écriture des personnages pour donner un peu de corps à l'ensemble ! Quelques traits de caractère de leur part se révèlent parfois pertinents avec le fond du sujet mais ceux-ci sont invariablement contrecarrés par la bêtise de leurs agissements. Citons juste le père que l'on nous présente comme voulant inconsciemment revivre son passé mais qui choisit de partir en plein milieu du séjour ou la voisine âgée évoluant joyeusement au milieu d'objets synonymes de sa propre douleur (Henry Thomas et Lyn Shaye ne peuvent pas y faire grand chose).


La seule à se débattre de ce très mauvais attrape-rêves reste Radha Mitchell ! La comédienne incarne avec conviction le point de vue rationnel de cette histoire et réussit même l'exploit de nous attacher un minimum à son personnage malgré le cycle répétitif de ses réactions. C'est d'ailleurs là le seul vrai cauchemar inexplicable de "Dreamkatcher" : comment la carrière de cette actrice plutôt douée a-t-elle pu décliner à ce point pour la voir aujourd'hui produire et interpréter un film aussi insipide ?

RedArrow
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le 11 août 2020

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