La loi faite homme est de retour.
Ouaip, si on considère que la première très grossière mouture était lisse, propre avec une histoire biscornue et sans rapport avec la BD était du Dredd. J'ai lu à cette époque que Demolition Man était plus Dredd que Dredd lui même.

Mais, heureusement, après plusieurs années, les Anglais ont repris les rennes de leur création. Et ont fait le film qu'il fallait faire.

1/ Dredd est Dredd, et Karl Urban ne cherche pas à faire la vedette. Le casque vissé sur la tête, il joue avec sa voie et sa bouche. Toutes ses expressions passent ainsi.
Il faut aussi rendre hommage à Alex Garland qui a réussi à rendre Dredd suffisamment humain pour qu'on n'y voit pas trop une caricature de machine qui flingue de l'humain tout le long du film : il saigne, il a la rage mais il se contrôle, il évalue une rookie qui aurait pu être viré après son premier jour sur le terrain (et quel jour !). Obsédé par la justice, implaccable, mais pas inhumain. Joli tour de force !

2/ Une idée de génie d'aller tourner le film en Afrique du Sud. La lumière, le soleil et l'architecture de Johannesburg si je me souviens bien, constitue un atout pour Mega City One. La ville est écrasée de chaleur (rappelons que la planète n'est plus qu'un immense désert irradié à l'exception des Mega City), les buildings sont ravagés, la ville est étendu et son atmosphère prégnante. Les effets spéciaux sont excellents, car parfaitement intégré, et si on sait que certains building sont faux, qu'est-ce que c'est bien fait ! Les images de synthèses sont de plus en plus abouties et bluffantes de réalisme.

3/ une histoire à niveau humain, et j'entends par là autre chose que la méga conspiration sur le super soldat juge et son frère jumeau du premier opus Dredd. Ça n'avait rien à voir avec la BD. C'est très différent ici, le coup de l'immeuble pris en otage avec 2 juges dedans. Déjà, on gagne sur le terrain de la cohérence, et puis ça recentre l'action. Ça ne diminue pas les enjeux, puisque la fameuse drogue Slo-Mo est au cœur de l'histoire.

4/ le scénario est bon, et la réalisation au diapason. Alex Garland n'a plus vraiment à faire ses preuves non plus, mais réussir une bonne série B avec une histoire bien troussé, c'est quand même pas mal. Un lieu, une cible, un but. Après une exposition efficace, les 2 juges vont faire le point sur des meurtres plutôt crados dans un bloc, un building de plusieurs milliers d'habitants. Et ils vont être servi.
Le Slo-Mo, cette nouvelle drogue, a pour principe de ralentir la perception du temps. Du coup, on aurait pu se retrouver avec des ralentis partout. Le réalisateur s'en sert judicieusement pour faire de certaines scènes des illustrations graphiques de violences. Oui, enfin de la violence, pas des coups de feu qui fusent. Là, y'a des tous et des morts. Du coup, les éléments de script sont utilisés pour raconter l'histoire. ces plans ralenti en 3D sont justes épatants. J'ai adoré un truc : un des personnages de l'histoire, personnage qui est une victime, a droit à son flashback, flashback qui a été employé dans une autre séquence du film sur un autre personnage. Ce simple plan utilisé 2 fois à 2 moments différents avec un point de vue défférent lie 2 personnages à un 3e se répercutant sur un 4e. Je vous laisse découvrir comment, mais en un plan, on vient de nous en raconter plus long qu'un dialogue. La qualité de la narration de ce film est de très haute tenue. Le tout sur une musique électro avec un arrière goût d'ambiance de fin du monde. J'adore.

5/ la 3D, pour ceux qui apprécie, et la qualité de l'image En 2D ou 3D. Elle est très bien faite. L'intérêt d'utiliser la 3D dans Dredd est très simple : on n'a rarement vu de la 3D employée dans un lieu aussi exigu. la profondeur est exceptionnelle, et la spacialisation de l'action au cordeau.

6/ Jamais illisible, et rythmé. Le film est court, sans fioritures et artifices inappropriés. Du travail d'artisan, produit avec sérieux et respect du spectateur. Ce film s'apparente à un ride un peu plus péchu qu'une journée normale à Mega City One. La simplicité de l'histoire amène une modestie au film qui ne donne jamais l'impression de péter plus haut que son derrière. Et pour le coup, on a même des thématiques qui émergent de cela, alors qu'on aurait pu se contenter d'un film bien troussé : besoin d'espoir, de la différence des autres, la naïveté devient une vertu, et se mue en force lorsqu'on y croit fort. Le tout sans ridicule.

Conclusion : une bonne série B, intelligente et bien faite, modeste avec de l'action bien shootée, sur une histoire simple et tranchante.

Dredd is the law.
Alexandre_Godar
7
Écrit par

Créée

le 17 juil. 2013

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