Du goudron et des plumes par Hugo Harnois
Avoir honte de quelqu'un veut forcément dire qu'il ne nous laisse pas indifférent. C'est le cas de Vanessa, jeune fille de Christian, père divorcé, escroc et coureur de jupons. Mais si les gens ne changent jamais vraiment, une rencontre peut les faire grandir. En croisant Christine, maman célibataire, cet homme se voit offrir une nouvelle chance.
Dire du Goudron et des plumes qu'il est anecdotique et que nous l'oublierons assez vite n'est pas un reproche absolu. Car c'est également un film aux sentiments généreux présentant des gens attachants. Mention spéciale à Sami Bouajila, malheureusement bien trop rare à l'écran. Parvenant toujours à dégager de ses personnages une humanité débordante, il donne à son rôle et cet homme à priori quelconque une sensibilité insoupçonnée. Idem avec ces seconds rôles de qualité, donnant au film un grain d'humour noir (Soualem) ou familial (Prevost) bienvenue.
Mais ces qualités n'empêchent pas les trop nombreux creux et scènes vides de cette comédie estivale, faisant parfois penser à un téléfilm naïf et bien-pensant. Avec une mise en scène peu inspirée, on regrette le manque d'ambition du Goudron et des plumes, trop attendu et conventionnel. L'exceptionnelle mais sous exploitée Isabelle Carré ne surprend personne, et sa relation naissante avec Bouajila semble être tracée sur des chemins bien balisés.
Reste alors le combat intérieur que chacun doit mener pour décevoir le moins possible ceux qui nous sont les plus chers. Un père immigré qui s'est battu pour s'intégrer. Une petite fille qui voit en nous un modèle à suivre. Une femme ayant déjà trop souffert pour qu'on lui mente une nouvelle fois. Mission accomplie, Christian parviendra à retirer le goudron et les plumes qu'il s'était lui-même versé dessus, et son honneur sera ainsi lavé.