Drame familial et atmosphère anxiogène pour un thriller franco-belge esthétiquement soigné et réalisé qui s’intéresse à l’aspect psychologique de familles endeuillées finissant par se méfier l’une de l’autre comme de la peste.


Issu du roman de Barbara Abel, Duelles est un thriller franco-belge surprenant doté d’une inspiration hitchcockienne très marquée.


Pour son nouveau film, Olivier Masset-Depasse met en scène deux familles similaires côte à côte : très amis, ils occupent une maison tout à fait collée à celle de leurs voisins. Chacun ayant un garçon, leur rapprochement est fait de fil blanc jusqu’à ce que l’un d’eux perd la vie. Comme le titre l’indique, Duelles réside dans son duel entre les deux mères de famille jalouses ou méfiantes. Sous forme de thriller, le film relate plusieurs thèmes entre le deuil de perdre un enfant ou la méfiance et la culpabilité de femmes prises pour responsable. Comment continuer à vivre après la perte d’un être cher, qui plus est à côté de tout ce qu’on jalouse au monde ? Comment ne pas se méfier d’une amie très proche quand elle se révèle être si intrusive ? Duelles nous emmène dans la paranoïa grandissante d’Alice et du nouveau quotidien de l’endeuillée Céline.


L’installation de nos personnages se fait rapidement dans un espace clos et serré que forme ce domaine particulier dont se rattache les deux familles où la sphère privée a du mal à se délimiter quand vos voisins peuvent vous voir si simplement par la fenêtre ou par les haies dérobées du jardin et rentrent à même chez vous comme étant le propriétaire. Dans une maison aussi singulière qu’elle est intrigante, le réalisateur plonge l’histoire dans les années soixante par simple choix personnel qui n’a pas de lien proche au livre. Dans un entretien à CinéSeries, il explique qu’à faire une histoire très “thriller hitcockien”, autant revenir aux fondamentaux de cette époque qui parvient à allier le sombre à la beauté et la flamboyance des années 1960. En effet, s’il faut admettre l’un des points les plus réussis du long métrage, c’est sa beauté. L’esthétique de la photographie est à couper le souffle tant les jeux de lumière jouant avec la nuit ou l’éclairage peu lumineux des pièces est travaillé aux petits oignons. Accompagné avec ceci d’une caméra omniprésente très proche des protagonistes, tournant autour de leurs têtes comme si quelque chose de mauvaise augure allait les frapper dans la minute.


Le ton est clamé dès les premiers plans et nous laisse sentir la trame en marche de défiance et de soupçons imbriqués à ces deux femmes. Le caractère très anxiogène qu’amène cette mise en scène parsemée entre les mouvements de caméra bougeants et impliqués dans l’espace digne d’un polar réside aussi par l’utilisation sonore de sa musique très présente qui appuie une action qui a du mal à s’élever. La période de deuil s’étend et les méfiances sont toujours présentes mais rien ne fait avancer l’intrigue et manque cruellement de tension malgré toute la bonne volonté des deux actrices (en tête d’affiche Veerle Baetens) coltinées à des dialogues plutôt moyens. Un ennui et une certaine lassitude commence à nous gagner au vu d’un récit tournant en rond et loin d’impressionner un public à la recherche d’une élévation qui viendra dans son dernier quart d’heure grâce à une fin amère mais plutôt bluffante qui clôt d’une manière froide et diabolique le long métrage.


Grâce à sa mise en scène travaillée et son esthétique splendide, Duelles finit par nous convaincre malgré ses longueurs. Olivier Masset-Depasse arrive parfaitement à questionner les douleurs de chacun dans leurs périodes les plus sombres d’une manière forte psychologiquement, entre paranoïa et suspicions d’un voisinage qui s’éloigne avec les souffrances. Ne plus savoir qui croire dans une posture de méfiance en tant que spectateur jusqu’au dénouement final, c’est ce que Duelles arrive à faire et est une bonne réussite.


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Burnham
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le 4 mai 2019

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Burnham

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