Il faudra traire ce gentil petit chat
La famille Atréides fait face à une conspiration d’un clan rival.
Quel cas épineux que ce Dune de 1984 ! Une œuvre cinématographique qui, à mes yeux, oscille entre le génie visionnaire et l'incompréhension abyssale. Permettez-moi de vous conter mon expérience, en deux temps, à travers ce métrage.
Dans un premier temps, vierge de toute connaissance du roman, je fus plongé dans un maelström de scènes étranges, de dialogues sibyllins et de personnages aux apparences pour le moins... singulières tels un gros lard aux pustules purulentes, des gens à la sclérotique céruléenne ou encore des gus aux sourcils ridiculement hirsutes. Un univers foisonnant, certes, mais présenté de manière si elliptique que je me sentais tel un naufragé, balloté par les flots tumultueux d'une narration impénétrable. Les termes abscons d’un thesa, les intrigues tortueuses et les visions oniriques s'entremêlaient sans que je puisse en saisir le fil conducteur. Un véritable supplice pour l'esprit, une cacophonie visuelle où les vers des sables, créatures titanesques, étaient relégués à des apparitions fugaces, comme pour en masquer la laideur.
Puis, vint la seconde vision, éclairée par la lecture du roman. Et là, ô miracle !, le brouillard se dissipa. Les pièces du puzzle s'assemblèrent, les personnages prirent vie et l'intrigue se dévoila dans toute sa complexité. Je compris alors que l'échec initial du film ne résidait ni dans la voix-off, parfois maladroite, ni dans les effets spéciaux datés, mais bien dans son incapacité à rendre accessible un univers aussi riche à ceux qui n'en connaissaient pas les arcanes.
Kyle MacLachlan, dans le rôle de Paul Atréides, semblait parfois dépassé par l'ampleur de la tâche, plus à l'aise dans des rôles d'agents fantasques que dans celui d'un messie. Pourtant, malgré ses défauts, ce Dune possède une aura indéniable, une patte lynchienne qui transparaît quelque peu. Une œuvre imparfaite, certes, mais qui mérite d'être redécouverte, à condition d'être armé de la connaissance du roman.