Des films sur la tolérance, le vivre-ensemble, des films anti-racistes, anti-xénophobie, des films pleins de bons sentiments, il y en a des tonnes. Mais de bons films de cette sorte, il en est peu. Freedom Writers est de ces derniers.
L'introduction du film nous plonge d'emblée dans un univers violent, où les jeunes protagonistes sont immergés jusqu'au cou depuis leur enfance. Un monde de drogue, de mort et de tensions raciales. C'est là qu'une jeune professeur de Lettres, Erin Gruwell, nouvellement arrivée dans un lycée de Los Angeles, va tenter de changer la vie de ses élèves.
Curieusement, le film arrive à éviter tous les clichés du genre. Les lycéens sont présentés comme de vrais voyous, ne connaissant d'autre langage que la violence. Le succès d'Erin ne va pas de soi.
Mais s'ils sont coupables, ils sont aussi victimes de l'environnement où ils ont grandis. La violence qu'ils exercent leur est antérieure et s'ils y prennent part, c'est entre autres parce qu'ils en sont issus.
La thèse du film, à savoir que l'on peut être sauvé par la culture (l'écriture en l'occurrence) est très touchante (à défaut d'être toujours très réaliste) et se trouve ici joliment amenée par l'idée d'Erin d'offrir des carnets où ses élèves pourront écrire ce qu'ils ont sur le cœur. On appréciera les belles idées de mise en scène lors des moments où Erin lit la prose de ses lycéens (ceux-ci étant symboliquement présents dans la classe, récitant leurs écrits).
Ce film peut également être vu comme un éloge de l'enseignement. L'énergie déployée par Erin pour sauver ses élèves est exemplaire et sonne autant comme un hommage que comme un encouragement à tout enseignant (y compris votre serviteur).
Parmi les points négatifs, on regrettera peut-être une bande-originale affreuse (mais cohérente avec l'objet du long-métrage) et un traitement caricatural des collègues d'Erin, un peu outranciers dans leur racisme déguisé ; ce dernier point peut être relativisé si l'on se souvient que leur attitude est moins un préjugé que l'indicateur de leur désespoir face à la violence de leurs élèves et à la déliquescence de leur établissement, mais on aurait quand même souhaité un peu plus de nuances.
Un film éprouvant, mais revigorant.