Elvis & Nixon par LuluCiné

Le ton léger du film lui insuffle autant notre sympathie que son inutilité. Si le casting reste inapproprié ou plutôt maladroit (ou qui sait une plaisanterie de fin de soirée, chiche), on parvient quand même à rentrer dans la fable de cette rencontre improbable. Ce n'est pas tant le choix de Kevin Spacey en président (vraiment) qui pourtant donne une bonne caricature de Nixon : mesuré, pas dans le surjeu mais assez appuyé pour qu'on aperçoivent les traits de l'ancien président ; c'est surtout le choix de Michael Shannon en Elvis qui met du temps à s'imprimer dans notre esprit. Sans demander une parfaite ressemblance, l'accent sur cet ovnis qui a tout et qui veut tout, donne une image enfantine et clownesque de l'artiste qui m'a un peu dérangé. Sans rien enlever au talent de Shannon.
Le scénario de cette improbable rencontre fonctionne parce que cette histoire sort d'une lubie qu'il aurait été difficile à inventer. Le king désespéré par l'état de la jeunesse de son pays part à la chasse au badge du FBI pour mieux servir sa nation. Situation ubuesque mais possible aux vues de la stature de l'homme. A la manière d'une Marilyn Monroe, Elvis Presley déploie tout un arsenal pour devenir le King, jusqu'à se fondre dans ce personnage au charisme certain d'enfant gâté. En même temps, le film laisse la place aux seconds rôles, que ce soit aux côtés du chanteur ou aux côtés du président tous s'évertuent à donner du sens à cette comédie (au sens propre comme au figuré).
Par moment on se croirait chez les frères Cohen, tant l'absurde vient côtoyer le réel, donnant aux scènes une saveur particulière. Pourtant le film se laisse trop porter par son sujet, ne poussant pas assez loin la comédie ou le propos. Il lui manque un petit quelque chose pour faire entrer Elvis & Nixon au delà de l'anecdote sympathique.
On passe un bon moment et puis on s'en va...