Soeur Emmanuelle, mais vous êtes nue!
Soeur Emmanuelle (ou Black Emanuelle et les collégiennes, autre titre français pour une fois assez pertinent) est un film assez atypique. Pour les lecteurs peu familiers du cinéma d'exploitation, il faut d'abord que je fasse une mise au point. Suite au succès commercial du film de Just Jaeckin Emmanuelle, une jeune mannequin javanaise du nom de Laura Gemser (qui avait fait une apparition dans Emmanuelle 2) devient l'héroïne d'une "saga" parallèle sous le nom de "Black Emanuelle". Avec ce m en moins les producteurs ont économisé une condamnation pour plagiat. Cette série de films est assez difficile à délimiter en raison des différents retitrages (comme Sylvia Kristel Laura Gemser verra d'autres films de ses films associés à ce prénom!), versions censurées ou au contraire remplies de scènes hard, de la variété des genres abordés... On pourrait en faire un livre, mission que je veux bien remplir du moment qu'on me finance et me déniche tous les films et leurs versions...
Ici Emanuelle est devenue religieuse. Nous pouvons donc nous attendre à un film de "nunsploitation". Étrangement cette thématique du film est peu abordée. Le film est un mélange entre nunsploitation, film érotique lambda (sans nonnes!), thriller glauque et comédie à l'italienne! Sans être pénible, ce mélange des genres donne quelque mal au spectateur, surtout lorsqu'un viol par quiproquo dégénère en bouffonnerie.
L'autre particularité du film est que Laura Gemser n'est pas vraiment la star du film. Pour une icône du cinéma érotique elle met même beaucoup de temps pour se déshabiller. Non, ne partez pas! Ça vaut le coup d'attendre...
En fait la partie érotique du film est portée sur les épaules de la jeune suissesse Monica Zanchi. Elle interprète une petite peste qui doit aller dans l'internat pour jeunes filles tenue par le couvent auquel appartient Emanuelle. Nous aurons ainsi droit à des flashbacks du passé érotique de Monica, comment elle réussit à rendre débauchée sa voisine et essaye d'allumer Emanuelle. Le tout est parsemé de scènes bouffonnes comme le vieux jardinier voyeur qui observe un combat de femmes ou la mère supérieure qui croit qu'une de ses religieuses a fait pipi par terre (tro lol xd!)
Puis le film bascule avec l'apparition d'un criminel évadé que Monica va manipuler. A partir de là le film devient un thriller relativement efficace, qui va rebasculer dans la comédie. Puis subitement va arriver une scène brutale à la limite du soutenable avant le twist final convenu et pourri (tout ça n'était qu'un ...)
A partir d'un script des plus décousus (multiplicité des genres, flashbacks érotiques en pagaille, ...) prétexte à de nombreuses scènes érotiques, le résultat est étrange : entre clichés et audaces, le tout d'une facture honnête. Le monastère est joli, les filles sont très jolies. Malheureusement la musique de Stelvio Cipriani (pourtant un des meilleurs compositeurs) abuse des synthés.
Je ne vais pas crier au chef d'oeuvre, mais ce "film" est une expérience.