Deux jeunes femmes, débarquées fraîchement à New York, Millie et Peggy, décident d'aller se faire draguer en sortant dans les rues de la ville. Ce qui ne manque pas d'arriver lorsqu'elles attirent l'attention de Mac, un bourrin de première, et de Jimmy, d'un comportement nettement plus correct. Ils ne manquent pas de faire connaissance et de continuer leur sortie tous ensemble. Mac s'impose à Peggy, Millie est imposée à Jimmy. Mais Peggy et Jimmy sont irrésistiblement attirés l'un vers l'autre. Le début d'une belle histoire d'amour... ouais, toutefois, il faut toujours se méfier de ses ami(e)s...


Heureusement que le dernier film signé par Erich von Stroheim est l'excellent Queen Kelly. Comme cela, on peut se mentir à soi-même en se disant que le dernier von Stroheim, avant qu'il se tourne exclusivement vers une brillante carrière d'acteur, est Queen Kelly et pas cette oeuvre mineure et dispensable.


Bon, il faut bien dire que les producteurs (qui n'avaient jamais vu visiblement de films du Monsieur !), croyant que l'artiste allait leur donner un truc tout inoffensif, ont détruit le résultat voulu par le réalisateur. Ce dernier n'a pas souhaité, en conséquence, être crédité au générique. Le résultat qui était sordide, choquant (comme n'importe quel von Stroheim qui se respecte !) a vu des scènes disparaître, en a eu de retournées par le grand Raoul Walsh et par les impersonnels Alan Crosland et Alfred L. Werker pour bien édulcorer le truc (à noter, chose rare, qu'aucun réalisateur ne sera crédité au générique !).


Bref, ce n'est pas terrible, tout à fait regardable, mais pas terrible, sans trop de saveur, agaçant quelquefois (surtout les séquences, censées être drôles, ajoutées sur ordre des producteurs, après le renvoi de von Stroheim, de l'ivrogne qui vole de la dynamite, qui triturent plus les nerfs qu'elles n'agitent les zygomatiques !), excepté lorsque l'on peut voir la trace du metteur en scène de Greed, à l'instar de la tentative de viol sur la protagoniste et de la violente bagarre qui suit, opposant l'agresseur (le dragueur bourrin !) et la prostituée voisine des deux jeunes femmes, venue à la rescousse. On peut le voir aussi dans la manière franche (qui fait bien sentir que le code Hays n'était pas encore appliqué !) avec laquelle l'ensemble suggère que les deux amoureux ont couché dès la première nuit. Ou encore quand le personnage joué par ZaSu Pitts tombe accidentellement dans un égout (ce goût de la crasse physique si cher au cinéaste !).


Mais ces petites choses exceptionnelles (dans tous les sens du terme !) ne suffisent pas à sauver Hello, Sister! de l'inintérêt global. Erich von Stroheim était bien trop grand pour Hollywood. On va dire que Queen Kelly est son dernier véritable film. OK, on va dire cela.

Plume231
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le 2 févr. 2021

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