Après avoir écrit "Cette sacrée gamine..." de Michel Boisrond et avant d'écrire et de mettre en scène "Et Dieu... créa la femme", Roger Vadim retrouve son mentor Marc Allégret pour une nouvelle comédie légère mettant en vedette sa femme Brigitte Bardot dont c'est l'année de l'explosion dans ces trois films qui seront des triomphes (pour celui là : 3 296 793 entrées).


C'est donc avec deux films de jeunes en couleurs et un film de vieux en noir et blanc que BB devient une étoile. Mais tout va bien car le vieux en question c'est Marc Allégret, et il suffit de voir ses films pour comprendre que c'est le brave type par excellence. Il n'a aucun problème à s'accorder avec cet état d'esprit de jeunesse émancipatice (enfin pour l'époque) incarné par le couple Vadim-Bardot. Aucun autre "vieux" du cinéma français que lui ne pouvais aussi bien s'entendre avec eux.


Alors est-ce un atout pour la qualité artistique du film ? Pas vraiment malheureusement. C'est plus désuet qu'autre chose. Le comique est très (trop) léger. D'accord il y a quelques idées cocasses (le passage du musée Balzac), mais la plupart des gags ce sont les jeunes qui font les pitres en étant mesquins entre eux et les vieux qui grognent. Les intrigues d'opposition des générations et de rivalités de drague entre garçons sonnent faux et ne sont pas très passionnantes, et ce n'est ni la mise en scène d'un Marc Allégret à peine plus inspiré que sur "Futures Vedettes" ni les dialogues d'un Vadim juste appliqué et fonctionnel qui arrivent à insuffler un souffle comique particulier.


Cette fois-ci, c'est Daniel Gélin qui est éprit de la jeune déesse, et l'intrigue du film c'est comment après moult quiproquos ils vont finalement se tomber dans les bras. Evidemment la gamine doit échapper à son père militaire. Bardot joue son rôle habituelle, elle est toujours mignonne, légère et attachante mais sans plus. Et son couple avec Gélin n'est clairement pas fait pour marquer l'histoire. Il compose un personnage basique de tombeur un peu salaud, petit voyeur des cabarets mais qui a bon fond. Il fait le boulot pour défendre le peu d'originalité de son personnage, mais on l'a vu bien plus talentueux ailleurs.


Le vrai atout du film c'est Darry Cowl, qui joue le frère foufou de BB. Il est vraiment très frai et très drôle. D'ailleurs contrairement à ce qu'on peut lire partout ce n'est pas dans "Le triporteur" mais dans ce film qui lance son célèbre "petit canailloux !".
Sinon Robert Hirsch, Jacques Dumesnil, Madeleine Barbulée, Jacques Joanneau et Misha Auer font leur numéro beaucoup trop sagement, c'est à peine amusant. Nadine Tallier et Luciana Paluzzi se contentent d'être jolies. On apperçoit vite fait Michel Constantin et Françoise Arnoul dans son propre rôle.


Ah si il y a un moment où le comique se veut "audacieux", c'est la scène du strip-teas, et autant dire que c'est plutôt pathétique. Marc Allégret croit peut être innover, choquer, mais il s'enlise dans le consensuel avec ce faut strip teas qui n'aboutit jamais. Si encore c'était inspiré au niveau de la mise en scène, mais non. Ca aurait pu être fait par n'importe quel tâcheron de l'époque qui montrait une cuisse pour se voir gratifié du très commercial "interdit au moins de 16 ans", on ne verrait pas la différence. Le metteur en scène de "Fanny" et "Entrée des artistes" est tombé bien bas.


En plus à la fin Agnès (BB) retourne dans le droit chemin en épousant Daniel avec la bénédiction de papa. L'honneur est sauf. En plus elle envoie une copine faire le strip-teas à sa place, tout va bien !


Bref il faut voir ça comme un film plutôt râté qui contribue à lancer le vedettariat d'une actrice importante. Avec sa vedette et la thématique d'opposition des générations ça avait tout pour conquérir le grand public de l'époque et ça n'a pas loupé, surtout que comme souvent avec Marc Allégret c'est plein de bons sentiments. Aussi gentil qu'oubliable.

grisbi54
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le 13 févr. 2021

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