Premier film de Jo Sung-hee, film de fin d'étude qui nous plonge dans une ambiance post-apocalyptique surréaliste.


End of Animal n’est pas facile d’accès et fait partie de ces films, qui indubitablement, feront débats. En ce qui me concerne, il est habité d’une force peu commune qui parvient à allier film d’auteur et de genre. A travers cette œuvre à la fois dure, sale et obscène, Jo Sung-hee dépeint les relations humaines dans une société qui se désagrège. On perçoit les instincts grégaires qui nous habitent tous. Un instinct animal qui se propage tout au long du film comme cette fin de monde. Dans cette campagne perdue (coréenne et non pas japonaise), le cinéaste développe une atmosphère pesante et crépusculaire qui interroge sur la place de la femme dans la société mais s’emploie également à placer Dieu au centre des évènements qui se jouent. Est-ce un dessin de Dieu ? Ou du Diable ? Alors qu’on assiste incontestablement à la fin du monde par le biais d’un monstre qui rôde (l’un des anges de l’apocalypse ?), nous suivons la survie de Sun-yeong, perdue au milieu de nulle part, dont la grossesse est avancée. Elle rencontrera sur sa route des âmes perdues qui n’ont plus aucun espoir. Nous sommes confrontés dès lors à un cauchemar qui communique un certain malaise.


Côté réalisation, Jo Sung-hee livre une œuvre épurée. Il tire en longueur certain plan, insiste sur le paysage désolé, renforçant la situation apocalyptique. Tout épuré est le scénario qui se focalise essentiellement sur l’errance du personnage qu’est Sun-yeong. Il va de soit que ce dernier aspect peut être sujet aux critiques négatives. On pourrait reprocher au cinéaste, scénaristiquement parlant, de laisser le spectateur dans un certain désarroi. Au-delà, End of Animal souffre de deux maux. Un rythme loin d’être soutenu et des longueurs. Un film loin d’être parfait donc mais qui réserve de très bonnes choses.


End of Animal est d’un intérêt certain. Il est de ces films qui interpellent par le trouble qu’il suscite. Il est de ces films qui laissent de nombreuses interrogations sans réponse, comme si le cinéaste souhaitait nous voir prolonger son œuvre en ne refermant aucune porte. Rien que le titre est des plus évocateurs sur la condition humaine. Bref. Un cinéaste à suivre !


http://made-in-asie.blogspot.fr/2011/10/end-of-animal-end-of-animal-festival.html

IllitchD
7
Écrit par

Créée

le 29 oct. 2013

Critique lue 264 fois

3 j'aime

IllitchD

Écrit par

Critique lue 264 fois

3

D'autres avis sur End of Animal

End of Animal
Adinaieros
1

MAIS QUELLE BOUSE !!

On va vite passer sur le résumé (grand flash lumineux et l'héroïne perdue dans la campagne japonaise traitée façon fin du monde) pour en venir au coeur du sujet : ce film est une grosse merde. Pas du...

le 11 juil. 2011

1

Du même critique

L'Enfer des armes
IllitchD
8

Director’s cut

Disparu. L’Enfer des armes de Tsui Hark est une œuvre mythique à elle toute seule. Troisième et dernier film de Tsui Hark de sa période dite « en colère », l’original est interdit par le comité de...

le 31 janv. 2013

31 j'aime

2

A Bittersweet Life
IllitchD
5

Critique de A Bittersweet Life par IllitchD

Kim Jee-woon réalise une pépite de style. La réalisation a du style comme son personnage principal (Lee Byung-hun). Tout y est stylé, les plans, les costumes taillés, la belle gueule du héro...

le 28 mai 2013

31 j'aime

The Murderer
IllitchD
6

Critique de The Murderer par IllitchD

The Murderer commence dans le Yanji, ce début de film est d’un aspect quasi documentaire, Na Hong-jin nous montre une région aux immeubles vétustes et sinistres. Il y a une misère palpable qui...

le 11 févr. 2013

30 j'aime

2