Troisième long d'Umut Dag, Cracks In Concrete suit les destins croisés de deux individus : Ertan, ex-taulard, et Mikael, adolescent mêlé dans divers petit trafic. Tandis que l'un essaye de recoller les morceaux avec son entourage l'autre rêve de devenir le nouveau gangsta-rappeur a la mode. Leur rencontre les transformera quitte à en garder des séquelles.

Se délaissant de tout prologue nous facilitant l'immersion dans cet univers, le réalisateur préfère nous mettre directement aux côtés de nos protagonistes. Les informations arrivent donc au compte-gouttes en fonction des événements et des sentiments qu'ils acceptent de dévoiler.
Le rythme est lent mais fluide et laisse ainsi le temps aux spectateurs de prendre ses repères. Ce déroulement permet de créer de l'empathie envers ces causes, a priori perdu, décuplant ainsi la portée dramatique des événements à venir.
Pur drame social sombre et envoutant, l'auteur accentue le nihilisme de son univers en ne dépeignant que des personnages délaissés par le système. On a l'impression que tout espoir de voir un jour ces personnes être effleurée par le bonheur est vain. Ce ressenti est renforcé par la forte tension que dégage cette bobine. En effet, l'auteur réussi à rendre palpable la haine qu'Erta essaye de canaliser et l'énergie sauvage dégagée par Mikael. Ainsi, les rares instants d'insouciances et de légèreté sont des instants précieux permettant aux spectateurs de reprendre son souffle avant de replonger dans la noirceur de ce monde.
À l'instar, de notre duo, les nerfs du spectateur sont mis à rude épreuve. Umut Dag ne cherche pas à embellir son univers que ce soit via des procédés visuels, ici l'image est une matière brute imparfaite mais sincère, ou via des raccourcis narratifs. Un choix payant, l'auteur réussit à ancrer son histoire dans un contexte social contemporain et malheureusement universel.

Au final, malgré un sujet très dur, le réalisateur réussit à traiter son sujet afin d'en ressortir le meilleur de ses protagonistes. On se retrouve ainsi fasciné par cette œuvre qui risque de vous marquer longtemps après son visionnage.
tzamety
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le 25 janv. 2015

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