Œuvrant pour le cinéma sud-coréen depuis le début du XXIème siècle, Ryu Seung-wan s’est fait remarquer à de nombreuses reprises notamment avec City of violence, The unjust et surtout Battleship Island.

Ce nouveau long-métrage trouve une continuité avec sa précédente création. L’auteur poursuit son exploration de l’Histoire nationale.

Nous quittons cette fois les côtes de l’Océan Pacifique de la Seconde Guerre Mondiale pour nous perdre dans les contrées africaines des années 90.


Passé un texte introductif nous expliquant la situation politique de la Somalie, nous découvrons les membres de l’ambassade sud-coréenne en mission diplomatique. La fin de la Guerre Froide redéfinit les enjeux entre les différents pays. Tout le monde tente de se positionner sur l’échiquier mondial afin d’assurer autant leur sécurité que leur prospérité.

Nous comprenons ce contexte à travers les échanges des différents protagonistes. Nous apprenons aussi leur identité et rôle respectif. Les relations se dessinent à travers les interactions entre les nombreuses factions que cela soit entre les différentes ambassades qu’au sein de la société somalienne.

L’auteur prend le temps de développer cette exposition afin de nous faire prendre conscience de l’ampleur du drame à venir. En agissant ainsi, une tension latente s’installe ne demandant qu’à exploser.

Le point de rupture est atteint brutalement lorsqu’une insurrection se manifeste dans les rues et finit par toucher nos protagonistes. La suite des événements retranscrit une mission d’exfiltration menée de bout en bout par des civils.


La spécificité de l’œuvre réside assurément dans ce détail. La grande majorité des individus que nous suivons sont de simples citoyens effectuant un travail administratif. Ils n’ont aucune formation pour affronter de tels dangers.

Nous les accompagnons donc dans leurs errements pour tenter de s’extirper de ce péril imminent.

La mécanique du récit repose donc sur une dynamique de groupe. Chaque décision émane de concertations et de conflits internes. Ces accrochages sont d’autant plus clivants qu’ils finissent par inclure des personnes venant d’autres ambassades aux convictions politiques opposées.

En effet, nous suivons dans un premier temps la trajectoire de la Corée du Sud et observons de loin les actions des autres pays. Une fois l’insurrection amorcée, l’auteur nous inclut aux côtés des citoyens nord-coréens.


L’œuvre couple son fil rouge à une confrontation entre deux frères supposément ennemis. Le fait d’affronter un danger imminent les pousse donc à une collaboration précaire, instable mais pour autant vitale.

Nous ressentons ainsi de l’empathie pour ces protagonistes. Leurs tentatives de survie et leur solidarité créent une proximité avec le spectateur. À travers cette approche, nous comprenons que la volonté du réalisateur n’est pas de fournir un film de guerre mais plutôt un drame humain se déroulant en zone de conflits. Cette nuance se ressent dans le soin apporté aux personnalités de chacun ainsi les interactions inhérentes.

En agissant de la sorte, les scènes d’actions sont d’autant plus prenantes. La mise en scène participe à véhiculer la tension de ces moments. Ce ressenti est aussi décuplé par l’affect que nous avons pour ces étrangers cherchant désespérément une issue.

Le film trouve ainsi son rythme entre les moments de concertation et ceux de prise de décision.


Au final, Escape from Mogadishu rempli parfaitement son contrat entre développement de protagonistes pertinent et moments de tension prenants. Ryu Seung-wan poursuit ainsi sa carrière avec succès. Il nous tarde de découvrir ses futurs projets.

tzamety
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le 1 oct. 2022

Modifiée

le 1 oct. 2022

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tzamety

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