A priori, Eva n'avait pas grand-chose pour me plaire : les films tournant autour de la robotique ne m'ont jamais intéressée. Mais son résumé m'a quand même rendue curieuse, j'y suis donc allée l'esprit ouvert, et avec des attentes encore plus élevées, suite à la présentation du film par son réalisateur, Kike Maillo, précédant la projection. Il a interpelé directement tout son public geek, nous recommandant de visionner l'œuvre en étant dans le même état d'esprit que lorsque nous avons découvert E.T. C'était il y a 30 ans (déjà), et son public a grandi, s'est imprégné d'un cinéma fantastique distillant des émotions diverses. Le réalisateur s'exposait donc à de grosses déceptions, en citant cette référence ultra-classique à ses spectateurs.

Il se trouve qu'il y a eu peu de déçus dans la salle, et je n'en faisais pas partie. Eva aborde des sujets aussi divers que l'éthique et la confiance – sans surprise, dans un film de robots – mais aussi des sentiments plus universels comme l'amour ou l'amitié.
L'univers futuriste nous est représenté avec un parti pris très contemporain, très réaliste. Les témoignages de l'époque se situent plutôt dans quelques détails, s'intégrant parfaitement dans le paysage, comme les « robots assistants de vie ». Il résulte de ce parti pris une immersion facile et une grande crédibilité du monde qui nous est présenté.
Les robots sont tous impressionnants visuellement. Le premier contact, à la sortie de l'avion, avec le robot-chat d'Alex nous met immédiatement dans l'ambiance : le visuel est tout sauf cheap. A la fin du film, on en oublie presque que cette machine n'est pas un vrai félin. Le robot-cheval prototypique est tout aussi convaincant, ainsi que les engins d'apparence plus « robotique ».
Il est impossible de citer les robots du métrage sans parler de Max, le robot-à-tout-faire d'Alex, mis à disposition par sa cheffe de projet et interprété par Lluis Homar. Celui-ci est parfait dans son rôle de fée du logis attentionné et légèrement niais, et bon nombre de scènes comiques lui doivent tout. ...Ainsi que la scène qui m'a fait verser ma petite larme. Ça fait beaucoup d'émotions inspirées, pour un simple robot !

Daniel Brühl et Marta Etura, interprétant les deux protagonistes, séparés par la vie 10 ans plus tôt et tentant de gérer leurs émotions présentes, sont très crédibles. Ils se cherchent autant qu'ils s'évitent, ils ne savent pas comment cohabiter sans se blesser. Leur histoire d'amour contrariée sur fond de rivalité fraternelle est un thème vieux comme le monde, mais il est ici retranscrit avec justesse.
La petite fille qu'est Eva m'a d'abord insupportée, par son côté « attention whore qui sort des réflexions d'adulte mature et expérimentée alors qu'elle a 9 ans », mais au final cette caractéristique fait partie du personnage. Le jeu entre elle et Alex sur la dimension pédophile que pourrait avoir leur relation apporte un comique subtil, encore une fois lorsqu'on a dépassé cette vision d'un personnage décalé par rapport à son âge. Sa connexion particulière dès la première minute avec Alex retranscrit à la fois l'amitié et le respect, mais aussi la fascination que l'adulte peut avoir pour cette enfant spéciale qu'il découvre petit à petit.

Ce que je retiendrai surtout du premier long métrage de Kike Maillo, c'est sa réflexion sur l'éthique, sur le premier commandement de la robotique implicitement abordé dans cette œuvre, et cette question : dans une réalité où on les crée avec toute la palette émotionnelle disponible aux humains, les robots peuvent-ils avoir une âme ? Une question posée dans des termes différents, à plusieurs reprises tout au long du film.
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le 17 mars 2012

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