Fut un temps où une confrontation entre Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger m'aurait laissé le slibard en mode tente de camping. Pensez donc, deux mastodontes de mon enfance partageant enfin l'affiche, et pas seulement le temps de faire un rapide coucou comme dans les Expendables. Deux bonnes heures en compagnie de ces colosses aux pieds d'argiles, réduits aujourd'hui à jouer à fond la carte de la nostalgie, si l'on excepte une ou deux tentatives de changement de registre de la part de l'autrichien.


Malheureusement, ce qui aurait sûrement donné une chouette série B régressive dans les années 80 ne s'avère aujourd'hui qu'une réunion faisandée, désespérément fade et faisant peine à voir. Car là où, vingt-cinq ans plus tôt, la stupidité d'un script pouvait être largement compensée par un sens du fun et de la déconne, par une générosité de chaque instant, ce même genre de production se trouve incapable aujourd'hui de comprendre justement ce qui en faisait le sel, le panache.


Pendant deux heures, nous assistons donc à la déchéance de deux immenses stars de leur époque, deux icônes capables du meilleur lorsqu'elles sont au coeur d'une démarche sincère (Sly et ses propres créations) ou pris en charge par un cinéaste couillu, comme ce fut le cas pour Schwarzy, simplement parfait dans les films de John Milius, John McTiernan, James Cameron ou Paul Verhoeven. Livrés à eux-mêmes, ils sont tout bonnement mauvais sous la caméra soporifique de Mikael Hafström. Autour d'eux, cachetonne sans conviction un casting pourtant sympathique, comprenant tout de même Sam Neil, Jim Caviezel, Vincent D'Onofrio, Vinnie Jones et même Curtis Jackson.


Paresseux, prévisible et incapable du moindre recul, Evasion n'apporte absolument rien au genre, ne fait pas même sourire, ne distillant qu'un ennui poli. Même si je désespère de les revoir un jour aux commandes d'un projet digne de leur talent, je continue d'éprouver une immense tendresse envers ces deux frères ennemis, véritables dieux de l'Olympe en leur temps et qui auront émerveillé mon enfance.

Gand-Alf
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le 15 juin 2015

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