"Even Cowgirls Get The Blues", n'est pas le ratage tant réputé mais un film très original qui au départ d'une comédie loufoque prends le parti d'un drame féministe. Il est étonnant qu'un réalisateur masculin ai voulu adapter ce livre éponyme de Tom Robbins, le seul a pouvoir le faire était de toute façon Gus Van Sant qui signe peut-être son film le plus atypique.


Tourner pour huit millions de dollars, le film a été un échec commercial et critique à sa sortie, je vais pourtant prendre la défense de ce film trop méconnu et mésestimé.
C'est certain, c'est pas le chef d’œuvre de son cinéaste, mais le film est un peu "à part" dans sa filmographie. Pour plusieurs raisons : le film est une comédie loufoque digne d'un film de Terry Gilliam ou le non-sens pullule, le film ne traite pas de la jeunesse américaine et surtout raconte pour la première et unique fois pour l'instant une romance lesbienne.


Le film tourné entre New York et l'Oregon est largement aidé par ses bandes-originales impeccables et très belles qui servent le film : c'est peut-être l'un des meilleures BO que j'ai entendu ces temps-ci. L'essentiel de la BO est composée par la canadienne k.d. lang qui interprète de très jolies chansons en rapport avec les images de ce film. On note aussi un narrateur dans le film qui n’hésite pas a être parfois cru et donc drôle.


Alors qu'est ce qui est passionnant dans ce petit film bien atypique ? Bien justement, les péripéties de Sissy, le courant féministe (un brin ridicule), qui transperce le film et aussi un message de tolérance pour les femmes et plus particulièrement les cowgirls. Ses mésaventures sont nombreuses, Gus Van Sant, toujours discret dans sa mise en scène se montre parfois original (ainsi quand le "chintoc'" tombe à la fin du film, la camera est collé à lui à plusieurs reprises), les filme avec une tendresse unique, avec sa propre tendresse.


Le cocktail comédie loufoque / chronique féministe est plutôt bien dosé et le film, a la fin prends le parti du drame, la gorge nous serre très fort, Gus Van Sant qui a toujours filmé les morts dans ses films de manière indirecte, là est plutôt frontal. Le film se finit de manière aussi humble, on est content d'avoir connu Sissy le temps de cette histoire vraiment pas comme les autres.


Gus Van Sant filme l'intrigue lesbienne avec sa douceur habituelle des scènes romantiques, bien qu'on sent un peu de détachement de sa part, plus à l'aise pour mettre en scène des scènes homosexuelles masculines. Par ailleurs, le film fait référence à l'histoire américaine et c'est ça qui m'as plus. On retrouve cette vision de l’Amérique profonde ancrée dans ses croyances mais ici ce sont les femmes les maîtres, la révolte se ressent, dans ce période hippie où l'on cite Jimi Hendrix. Le film par ailleurs très sensuel, filme le corps d'Uma Thurman avec une certaine délectation, on note la scène hilarante où elle se masturbe sur le bord d'une autoroute allongée : Gus Van Sant cadre son pantalon en un plan fixe, la filme en train d'enlever la fermeture éclair de son jean et elle se touche et la caméra cadre son visage : on note le visage d'Uma Thurman étonnant d'innocence.
On croise River Phoenix dans une voiture (le film a été tourné peu avant sa mort et le film lui est dédié). Entre "My Own Private Idaho", film adoubé par la critique et plus pour la performance de River Phoenix et "Prête a tout", premier film sur commande de Gus Van Sant, "Even Cowgirls Get The Blues" est plus proche d'un joli portrait sur l’Amérique profonde dans les années 70 porté par un mouvement féministe tout à fait juste que du ratage décrié a sa sortie.

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le 8 août 2021

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