L'archétype des films d'horreurs des années 80

Si ce film n’est pas un chef d’œuvre à proprement parler, il demeure un modèle du genre horreur, et en cela il mérite toute sa place dans la liste des films les plus illustres de l’histoire du cinéma.


J’ai une anecdote avec ce film. Je l’ai vu lorsque j’étais enfant, je me souviens que j’étais beaucoup trop jeune pour le visionner, et il m’avait beaucoup impressionné. Avec mon grand frère, nous dormions chez notre cousin et nous passions une soirée seuls, justes les enfants (je ne sais pas ou les parents se trouvaient). Mon cousin avait eu la bonne idée de nous lancer Evil Dead, ma cousine avait refusé de voir ce film et était allée s’enfermer dans sa chambre. La curiosité m’a incité à rester devant l’écran. La VHS était d’une qualité abominable, il y avait des traits blancs qui barraient l’écran, ce qui ajoutait au sentiment d’épouvante. Franchement, le film m’avait presque traumatisé. Nous étions tellement à cran à la fin du film que mon cousin voulait nous lancer un film porno pour nous passer de nos émotions (bhein ouais c’était un ado), mais finalement mon frère avait refusé parce qu'il estimait que j'étais trop jeune pour ça (ce qui était bien sur le comportement adapté à la situation), du coup nous nous sommes arrêtés sur Les Visisteurs, afin de rire et oublier les horreurs d’Evil Dead. Voilà pourquoi je le plaçais jusqu’alors dans mon top 3 des films d’horreur. C’est vrai qu’il m’avait impressionné, et j’en gardais un souvenir dérangeant.


Malheureusement, je l’ai revu hier, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a beaucoup vieillis. Au-delà des effets spéciaux usés, que j’aurais pu pardonner aisément, c’est l’ambiance kitsch des scènes et du montage que j’ai surtout regretté. C’est tellement pathétique que ça en devient risible. Les personnages n’ont aucune substance et ne répondent qu’à une seule caractéristique de personnalité. En gros, on y retrouve le beau gosse sage, l’idiot de service, la frigide hystérique, l’amoureuse passive, bref, aucune profondeur. L’histoire est aussi sommaire que facile. Le rythme effréné et le manque de dialogue peuvent ennuyer (je me suis d'ailleurs endormie).


Les réelles qualités du film sont à rechercher dans son ambiance très particulière, avec une vue à la première personne qui incarne le démon, ou la chose quoi que ce soit d’autre. C’est une idée brillante. L’esthétique du film est sobre, avec cette petite cabane qui nous donne le sentiment de contenir d’innombrables pièces glauques, mais elle répond parfaitement au genre, en créant le malaise immédiatement. Les scènes des personnages possédés par les démons sont horrifiantes, en dépit des maquillages grossiers, et des effets spéciaux tout pourris.


La scène du viol de la jeune fille par les arbres est extrêmement osée, voire carrément déplacée, mais il faut bien admettre que c’est sans doute cela qui a contribué au bouche-à-oreille de l’œuvre, et bien sûr à son succès. Mais tout de même, on ne peut s’empêcher de penser que Sam Raimi devait avoir un sacré pet au casque pour avoir imaginé et tourné cette étrange scène.


On relève également un manque de cohérence dans les événements paranormaux, on ne sait pas très bien de ce qu’il en retourne. OK, le livre des morts a réveillé une présence démoniaque qui possède un à un les protagonistes, mais comment, pourquoi, et dans quel but ? Tout reste en suspens. Rien n'est justifié. Peut-être que les suites apportent quelques réponses. Je verrais bien.
En tout cas, ce film a perdu un peu de sa sublime maintenant que je le visionne à nouveau. Jamais subtils, tous les aspects de la production sont animés par l'intention d'atteindre un gore dégoutant, en sombrant dans la facilité narrative. Pour autant, le film se laisse toujours aborder comme un objet de curiosité, ou encore mieux, comme l’archétype des films d’horreur à venir.

Casse-Bonbon

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