Trente deux ans après l’original une bande de jeunes se confrontent de nouveau au « Livres des Morts » au fond des bois, sous la direction du prodige Fede Alvarez et toujours sous le patronage de Sam Raimi, mais cette fois ci, Fini de Rire…


Le monde du cinéma d’horreur a bien changé depuis que Sam Raimi tourna l’ Evil Dead original en partie grâce à des fonds collectés auprès de dentistes (!) ou sa suite plus cartoonesque en partie financé par le mogul Dino de Laurentiis. Le genre autrefois ostracisé s’est popularisé envahissant même la télévision (« The Walking Dead » est la série numéro un toutes chaines confondues), le cinéma répondant par l’émergence d’une horreur plus répugnante via le genre « Torture Porn » ( Saw,Hostel) ou s’ouvrant à des influences étrangères japonaises , par exemple (Ring,The grudge dont le remake US fut produit par Sam Raimi). Les créateurs de cette nouvelle version se devaient de tenir compte de cette évolution…

Le film s’ouvre sur un prologue se déroulant dans la cabane quelques années avant l’arrivée des héros, on assiste à l’exorcisme d’une jeune fille par une étrange communauté.Ce prologue a été beaucoup critiqué ,le réalisateur lors de la master class qui a suivi la projection en avant-première du film a expliqué que la vraie horreur ne démarrant que plus tard dans le film il lui fallait un moment surnaturel « annonçant » la suite.Pour ma part je l’ai apprécié car sortant de l’intrigue principale on ne sait pas à quoi s’attendre et qui sont vraiment les « possédés ».

On arrive ensuite en terrain plus familier à la fois pour ceux qui ont vu le premier film mais aussi pour les habitués du genre tant la situation est familière ayant donné lieu à parodie et même déconstruction (le récent Cabin in the Woods). Alvarez et son co-scénariste introduise une motivation intéressante pour rassembler le groupe d’ami qui se réunit pour aider la jeune Mia à décrocher de l’héroïne Cette innovation est doublement utile car elle permet d’expliquer (un peu) pourquoi les protagonistes sont lents à réagir aux premiers symptômes de la possession de la jeune femme qu’ils imputent au sevrage.

Une fois le démon libéré la mécanique de l’horreur s’enclenche et Alvarez en profite pour revisiter les scènes cultes de l’original soit en y injectant des innovations stylistiques, le “viol” par les branchages subit un traitement très “Japonais” soit en les reconfigurant, ce sont des protagonistes différents qui les subissent , par exemple la main possédée qu’on doit couper.Ainsi même dans le cadre ultra-balisé du remake il parvient à introduire un élément d’incertitude.


Alvarez fait le choix d’un gore frontal allant crescendo à chaque scène nous faisant ainsi redouter la suivante.Comme il choisit de montrer en détail ces mutilations l’effet d’appréhension est renforcé.Le choix de n’utiliser que des effets physiques et le refus du CGI blood en augmente considérablement l’impact et ravissent le vieux fan d’horreur que je suis.

La scène de la salle de bains est pour moi la plus réussie de ce point de vue.


Les references d’Alvarez ne se limitent pas à Evil dead, Mia possédée ressemble comme une sœur à la Regan de l’Exorciste donnant l’impression d’assister au cross-over des deux franchises comme dans ces dialogues ou elle détaille le sort peu enviable que la mère d’un des héros est censée subir en enfer!.Le final opératique et écarlate rappelle les grandes heures de Dario Argento et de l’horreur italienne.

Le réalisateur enfin offre deux « cadeaux » aux fans de l’original ,il reconstitue dans le film la scène de la légendaire affiche promo du film qui était totalement absente de l’édition 1981, le second cadeau figurant dans une scène post générique (restez donc jusqu’au bout!).


Gros point faible du film son interprétation en dehors de Jane Levy (Mia) les acteurs sont peu convaincants et peinent à « vendre » certains effets.

A titre personnel je n’ai pas été convaincu par la façon dont le réalisateur fait émerger avant le final le « Ash » du film.Vous comprendrez à la vision du film

Evil Dead est un remake uber-gore jouissif par ses effets « grand-guignol » qui si il ne le transcende pas est tout à fait en phase avec l’esprit de son modèle. 7/10
PatriceSteibel
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mon Top Ciné 2013 pour l'instant...

Créée

le 22 avr. 2013

Critique lue 646 fois

4 j'aime

2 commentaires

PatriceSteibel

Écrit par

Critique lue 646 fois

4
2

D'autres avis sur Evil Dead

Evil Dead
Vnr-Herzog
7

Feast on this, motherfucker !

Il y a quelque chose d'assez ironique de voir débarquer le remake d'Evil Dead un an pile (ou presque) après "La cabane dans les bois" film de Drew Goddard, scénarisé par Joss Whedon. Un film où on...

le 5 sept. 2013

65 j'aime

5

Evil Dead
SPlissken
6

Oscillation de note entre le 4 et le 6

Première surprise la salle de ciné était bien chargée en ce mercredi 1er Mai, malgré la présence de quelques "gremlins" le film s'est bien déroulé, pas de portables qui sonnent et un public...

le 2 mai 2013

57 j'aime

14

Evil Dead
real_folk_blues
6

Cabane, embuches, mais pas en bois.

Qu’est ce que vous voulez que je lui reproche de particulier à ce film ? D’être un “remake“ ? D’être un “reboot“ ? De vouloir s’inscrire dans une franchise culte à l’époque du cynisme et de...

le 5 juil. 2013

45 j'aime

6

Du même critique

Le Fondateur
PatriceSteibel
8

Ça s'est passé comme ça chez McDonald's

Parfois classicisme n’est pas un gros mot , Le Fondateur en est le parfait exemple. Le film , qui raconte l’histoire du fondateur de l’empire du fast food McDonalds, Ray Kroc interprété par Michael...

le 26 nov. 2016

58 j'aime

1

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
PatriceSteibel
6

Critique de Star Wars - L'Ascension de Skywalker par PatriceSteibel

Depuis la dernière fois où J.J Abrams a pris les commandes d’un Star Wars il y a un grand trouble dans la Force. Gareth Edwards mis sous tutelle sur la fin du tournage de Rogue One, après une...

le 18 déc. 2019

41 j'aime

7

7 Psychopathes
PatriceSteibel
8

Une réjouissante réunion de dingues (et de grands acteurs)

Avec ce genre de comédie noire déjanté et un tel casting j'apprehendais un film ou le délire masquerait l'absence d'histoire et ou les acteurs cabotineraient en roue libre. Heureusement le...

le 5 déc. 2012

36 j'aime

9