J'ai hésité entre 7 et 8. Parce que, hormis une certaine complaisance dans les scènes gore qui sont un peu trop étiré à mon sens, bon moyen de terrifier le quidam, mais moi public habitué au gore, si tu étire trop, je m'ennuis, et je commence à remarquer tout les petites maladresses ou à m'interroger sur la technique, hormis la double fin, qui là encore, au delà de sa plastique vraiment édifiante a quelque chose d'assez lent, et long, certes on est en plein dans la thématique, et le final est monstrueusement cool, mais voilà, je trouve ça trop long, et puis il y a quelques moments de longueur où on a l'impression d'avoir quelques petits rajouts ou étirement juste pour la forme, certains personnages étant assez sommairement dessiné également, comme Nath la blonde qui est une spectatrice totalement neutre et quasi inutile pendant une bonne partie du film, délaissé au profit des autres personnage. Et puis, il y a aussi ce pré-générique, qui ne fait que confirmer l'idée que les pré-génériques ne servent à rien, pourquoi teaser alors que les gens sont là, dans la salle, ou ont déjà loué ou acheté le dvd… inutile, et vain. En voilà donc pour les points négatifs.

Du reste, le film est assez génial malgré tout. On sent une véritable volonté de faire un authentique film d'horreur, tout en respectant le spectateur, en essayant de faire ça intelligemment, à la fois en s'adressant à un public d'initié mais en pensant aussi à ceux n'ayant pas l'habitude de l'horreur. Mais surtout, on sent une véritable patte, à la Sam Raimi, au goût de 2013. D'une certaine manière ce Evil Dead m'a fait pensé à Scream 4 dans la volonté de modernité, de mettre à bas les codes de l'ancien temps, pour surprendre le spectateur lassé de voir des jeunes aller faire la fête dans un coin pourrave et rivaliser d'excuses bidons pour rester dans un endroit où visiblement ils vont tous crever les uns après les autres. Toute l'intelligence du film est d'ailleurs là, trouver une raison psychologique aux tortures les plus ignobles que subissent les personnages. Pour chacun, il s'agit d'affronter ses démons intérieurs. David doit accepter sa part de lâcheté, et affronter ses peurs. Olivia, l'infirmière improvisée doit accepter de lâcher prise. Mia, la véritable héroïne du film, affronter sa dépendance à la drogue. Véritable idée de génie d'ailleurs, de justifier toute l'entreprise par une tentative de sevrage. Ainsi pratiquement toutes les réactions des personnages deviennent parfaitement justifiées.

Mais au-delà de la beauté des effets spéciaux, du rythme vraiment endiablé, de quelques idées franchement sympa, comme la séquence de Nath dans la cuisine ou encore le final sanguinolent, c'est la réutilisation des précédents Evil Dead, et des références multipliée aux classiques du film d'horreur, de nombreuses références évidemment à l'Exorciste, mais aussi, plus surprenant à Drag Me To Hell, chef d'oeuvre de Sam Raimi, et l'idée de conserver les éléments mythique du premier tout en les intégrant au mieux afin qu'il serve l'intrigue principale à savoir le développement de la psychologie des personnages et leur combat dantesque. On sent bel et bien la présence de Sam Raimi derrière les bobines même s'il n'a été que producteur, c'est finalement son cinéma qui a engendré ce Evil Dead.

Certes, on pourra reprocher le manque d'humour, mais le premier Evil Dead comportait finalement assez peu d'humour, tout l'aspect comique tenait dans le jeu de Bruce Campbel, le reste? Une différence d'époque, et des effets granguinol plutôt dû à une volonté de faire quelque chose d'expérimental, de véritablement choquant et inédit pour l'époque, le premier reste cependant marqué par une volonté de faire quelque chose d'extrêmement violent, qui se montre généreux dans le gore offert au public, à l'instar de son remake, excepté qu'il est à la sauce actuel, alors oui, on y retrouve un gore sadique qu'on pourrait rapprocher de Saw ou de Hostel, mais la différence est qu'il est tellement poussé qu'il conserve cependant un humour, assez noir. N'est-ce pas totalement du Sam Raimi, tout ce sang vomis? Ce baiser à double langue? Quelque chose de si horrible que ça en devient grotesque?

Enfin je saluerais deux éléments assez cool. Le personnage de Eric, sorte de fanboy, qui représente finalement les fan du premier Evil Dead, et plus globalement les spectateurs de film d'horreur, habitués au genre, et qui savent réagir, ce qui ne veut pas dire qu'il s'en sortira mieux que les autres, mais aura le courage d'affronter les démons, il emprunte de beaucoup à Ash par son comportement, plus qu'au blond décébré du premier en tout cas. Et puis, pour ceux étant rester jusqu'à la fin du générique, vous savez qu'une belle surprise nous attendait. Qui a dit que cet Evil Dead n'était pas généreux?
Sophia
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le 14 mai 2013

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Sophia

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