Après le "Noé" d'Aronofsky nous vient Exodus, ou "Moïse revisité façon blockbuster".
Difficile de prendre le film en défaut visuellement. Les costumes des Egyptiens, quoique sans doute peu probables historiquement, sont très beaux. Et puis après tout, les mythes et légendes s'affranchissent toujours de la réalité historique.
Les décors sont proprement majestueux et même si l'on voit clairement l'exagération des tailles des monuments et la profusion de sphinx et pyramides, on l'accepte sans problème car c'est un pur contrat cinématographique à passer afin de rendre aux architectures passées leur gloire d'antan. Il faut bien cela pour que nous ne soyons pas blasés, habitués que nous sommes au gigantisme. Les scènes des plaies d'Egypte ne sont pas mal du tout et l'ouverture de la Mer Rouge est vraiment impressionante et sublime. Il y a également la bonne idée de faire de l'incarnation de Dieu un enfant plutôt qu'un vieillard ou une voix du ciel.


Mais retiré l'aspect cosmétique (ce qu'on pouvait également concéder à Prometheus, le précédent film du réalisateur), ce qui déçoit ce sont les personnages. Ramsés n'a aucune profondeur, il passe de l'ami de Moïse pendant les 10 premières minutes du film au méchant immature cliché en 10 secondes pour ne pas quitter ce rôle du film. Moïse a droit à quelques doutes comme tout prophète/élu de n'importe quelle prophétie pour essayer de lui donner de la personnalité mais c'est être naïf que d'espérer mieux. Le frère de Moïse ne sert qu'à être l'extension de sa volonté et répéter les ordres de son frère, sa mère et sa soeur ne sont présentes que pour le bien de l'intrigue puis disparaissent complètement. Sans parler de Ben Kingsley qui est là pour 3 répliques et Signourney Weaver qui devait sans doute payer ses impôts. Les personnages sont bien plus des fonctions au service des effets spéciaux que l'inverse.
Le seul à sauver la mise est le père de Ramsès, le vieux pharaon, qui disparait après 30 min de film. Un duel entre le vieux roi sage et Moïse, qui est presque comme son fils, aurait été bien plus intéressant narrativement. A croire que les rapports intéressants sont chasse gardée des séries. A l'heure des antagonistes humanisés et complexes, on revient à une histoire simpliste qui ne s'assume pas.


Dernier bémol pour couronner le tout : Pourquoi avoir pris des acteurs causasiens, bien blancs dans la plupart des rôles, et avoir dépeints les Hittites en Barbares sombres de peaux et crasseux? De la paresse d'écriture? Des problèmes de casting? On a vraiment l'impression de voir un film vantant les mérites des gentils blancs contre les méchants noirs, et ça rajoute à la pauvreté du film.
Non vraiment, si le film n'était pas esthéthiquement réussi, il ne mériterait pas la moyenne.

Créée

le 26 mars 2015

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Loïc François

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