Il y avait tout pour faire un film culte. Mais en fait, non.
Un casting de rêve, tout droit sorti des années 80, dopé aux stéroïdes et aux coups de bistouris des chirurgiens californiens. Des guest-star à n'en plus finir, une absence totale de cohérence assumée, des armes, des explosions, de la sueur et du sang... Et un scénario tenant sur une feuille de PQ.
Voilà à quoi ressemblait la recette miracle de "The Expendables", accouché par notre Sly international et qui m'avait alléché avant même d'en apercevoir un extrait. Je me préparais à laisser mon cerveau au vestiaire et à sortir de la salle abasourdi par le shrapnel et la tête (bien que vide) remplie d'une série de répliques de type bovin.
Malheureusement, si l'extérieur semblait croustillant et doré à souhait, l'intérieur avait autant de saveur qu'un bout de mozzarella premier prix baignant dans son jus.
Explications. Quand on s'appelle Sly et qu'on veut faire un film d'action, mieux vaut pas essayer d'y coller des bons sentiments ainsi qu'une critique de l'avidité humaine. C'est comme mettre ses chaussettes en dessous de ses tongues, c'est moche et ça fait désordre.
Les dialogues en eux-même sont mous, sans conviction et surtout sans cette petite étincelle de virilité et de naïveté qui FONT les répliques cultes. Si je dis "ce n'est pas ma guerre" vous répondez? "Les kilos que j'ai perdu, tu les as pris" extrait d'une scène entre le Gouverneur et notre réalisateur semble en fait être la seule trace d'une tentative d'humour forcé.
Bon, y'a les scènes d'action me dira-t-on! Sauf que elles aussi, sentent comme chez les vieux. Un mélange étrange de moisi et de naphtaline. Il ne se passe absolument rien d'extraordinaire. Il n'y a aucune action abusée, surréaliste et improbable dopée aux explosions et à l'hémoglobine alors que c'est précisément ce que j'attendais. (Cf la bombe sous la voiture dans le Transporteur avec notre ami Statham, là y'avait des couilles!)
Mais bordel, pourquoi ne pas avoir ressorti ces bons vieux cocos affairés dans une base de missiles rebelle perdue au fin fond de la Sibérie?! Les méchants russes sont des ennemis à avantage multiple. Sous couvert de la protection de l'occident et de la sauvegarde de nos idéologies capitalistes, on peut leur envoyer à peu près tout dans la gueule, ça ne choquera personne. Et ça fait 40 ans qu'ils sont l'adversaire idéal ! Toujours présents, fidèles et surtout, ils sont crédibles! En 2010, ça ne choquerait personne de voir une faction issue de l'ancienne gloire de l'URSS, ou même le Kremlin en lui même, tenter une attaque nucléaire sur nos amis Burgers/Coca.
Bref, je suis ressorti de ce film amer, déçu, en me disant que les années 80, c'était quand même vachement mieux avant...