Eyes Wide Shut par Dreeaa

/!\ Très légers spoilers

   Pour moi le plus gros point fort de ce film est l’histoire qu’il raconte, et le point de vue qu’il utilise. Traiter le sexe de cette façon-là m’a beaucoup intéressée, avec cette omniprésence dans l’œuvre qui nous pousse à réfléchir à la part il prend dans nos propres vies. Kubrick use là de beaucoup de formes de celui-ci en même temps: la drague d’inconnus, l’amour dans un couple, le rêve érotique, l’adultère, l’échangisme, la prostitution, etc., etc.. Mais pour autant l’identification est facile, car à la lumière de la fin du film où Alice et Bill se pardonnent leurs « pêchés » respectifs, on se demande jusqu’où on peut aller quand il ne s’agit ‘que’ de sexe : est-ce aussi important de l’amour véritable ? Ou les deux sont-ils indissociables ? Sur ces questions-là les avis diffèrent, mais pour une fois dans un film, l’adultère (qu’il soit consommé ou simplement rêvé) n’est pas un simple prétexte à un rebondissement ou à une chute ToutLeMondeEstPardonné,ToutEstBienQuiFinitBien,EtLeSpectateurPleureDeJoie ; il pose de réelles questions sur ce sentiment universel qu'est l’AMOUR.

   Et pour cela, quoi de mieux qu’un vrai couple dans les deux rôles principaux? Kubrick signe pour moi sa meilleure idée dans la réalisation d’Eyes Wide Shut. Le couple Kidman-Cruise fonctionne à merveille dans leurs scènes communes. Même si ce cher Tom est clairement en dessous de sa compagne lorsqu'elle n'est pas présente (si ce n’est carrément mauvais à mon goût); la sublime Nicole illumine l’écran de son corps, de son visage, de son jeu d’actrice. On a la confrontation d’une bombe sur pattes qui joue parfaitement son rôle du début à la fin, et d’un homme qui n’est même pas classe en costard et qui ne pourrait assumer le film à lui tout seul tant il est mauvais dans les scènes où sa femme n’est pas là pour le soutenir.

   La musique est très présente, on la sent énormément. Elle est peu discrète, à l’image des quelques notes du thème principal, de « Baby did a bad bad thing » de Chris Isaak, ou de celle d’ouverture. Pour autant est-ce que cela m’a vraiment gênée ? Je me pose encore la question.

Quant au travail à l’image, il est pour moi assez inégal. Le montage et les valeurs de plan dans les scènes de dialogue entre les deux m’ont dérangée, et une scène sur deux la lumière ne casse pas trois pattes à un Tom Cruise. Pour autant les scènes dans la soirée privée extrêmement bien filmées à mon goût, le travail de cette séquence est vraiment remarquable. Question mise en scène, j’ai beaucoup apprécié les clins d’œil de Kubrick comme lorsque Bill est poursuivi et qu’il est en train de lire un journal dont le gros titre en une est « Lucky to be alive ». Enfin, une mention spéciale pour les décors qui sont tous parfaitement bien trouvés.

En résumé un beau coup de cœur découvert cette année, je vais attendre quelques mois pour le revisionner à nouveau, les yeux grands ouverts.