Les films de cape et d’épée ont toujours eu une place de choix dans ma cinéphilie, depuis tout jeune.
Enfant, je passais bon nombre de week end en compagnie de mon grand-père à voir et à revoir Cyrano de Bergerac, Le Bossu, Le masque de fer, Le masque de Zorro, et tant d’autres.


Je me souviens assez nettement avoir découvert le remake de 2003 de Gérard Krawczyk au cinéma avec mes parents. J’en gardais globalement un bon souvenir jusqu’à le revoir l’année dernière et le trouver assez moyen – mon regard d’ado de l’époque m’avais sans doute empêché d’y voir la réalité du film : un métrage un peu fade et niais.
En revanche, et même si je suis certain de l’avoir vu étant jeune, je n’avais aucun souvenir cette version noir et blanc de 1952 signée Christian-Jaque. J’ai donc sauté sur l’occasion en tombant dessus par hasard l’autre jour !


Et quel plaisir de retomber ainsi en enfance !
Il faut dire que l’intrigue est sans doute l’une des plus connues parmi les films du genre : Fanfan est un boute-en-train fougueux et passionné multipliant les conquêtes féminines. Il prend la vie soit comme un conte de fée, soit comme une vaste blague. Au détour d’un chemin, il rencontre Adeline, une diseuse de bonne aventure, qui lui prédit un grand avenir militaire, et un mariage avec Henriette, la fille du roi Louis XV de France.
Pour éviter un mariage forcé et les piques des fourches de quelques paysans, il s’enrôle donc dans l’armée, qui tient alors un stand sur la place du village.
Au rang de recrue novice, Fanfan découvre que la gitane tireuse de cartes est en réalité la fille du sergent-recruteur La Franchise, et que la prédiction n’a pour but que de pousser de pauvres bougres crédules à s’enrôler dans les armées du Roi.
Pourtant, en jeune homme effronté et sûr de son destin, notre Fanfan ne croit pas à la duperie, et sa foi en son avenir est bientôt confirmée par un acte de bravoure : témoin d’une attaque de brigands sur un carrosse royal, il sauve la vie de madame de Pompadour, la maîtresse du Roi, et d’Henriette de France. En remerciement, il reçoit d'elles une broche en forme de tulipe et gagne le surnom de « Fanfan la Tulipe ».


Fanfan la Tulipe est un divertissement remarquable, bourré d’action et d’humour.
Le film regorge de dialogues au ton délicieusement absurde et drôle. Je ne résiste pas à partager celui de la rencontre, au début du film, entre Fanfan et notre diseuse de bonne aventure :



Adeline: Pourquoi t'ont-ils arrêté ?
Fanfan : Pour mettre fin à mes exploits.
Adeline: Qu'est-ce que tu as fait ?
Fanfan : L'amour. Avec préméditation.
Adeline: C'est pas un crime.
Fanfan : Si, quand il y a récidive.
Adeline: Et où te conduisent-ils ?
Fanfan : Au supplice : ils vont me marier !



L’humour trouve son point d’orgue dans la présentation – grâce à une voix off particulièrement réussie – des manœuvres militaires opposant les Anglais et les Français. Une guerre « la fleur au fusil » qui devient un jeu pour les dirigeants, au point d’en perdre leur latin quand la situation leur échappe.


Le film possède par ailleurs deux autres qualités admirables.
Tout d’abord le jeu d’acteurs avec l’inimitable Gérard Philipe, coqueluche du TNP (Théâtre National Populaire) et vedette française dont on garde à jamais l’image juvénile et romantique, mais aussi avec la fabuleuse interprétation de Gina Lollobrigida dans le rôle d’Adeline, ainsi que tous les seconds rôles bien sentis, à commencer par les soldats du régiment de Gascogne dont je m’empresse de partager avec un plaisir non dissimulé ce petit dialogue :



Capitaine de la Houlette : Un trèfle à quatre feuilles ! Vous avez les pieds dans le bonheur, mon ami. Votre nom ?
Fanfan : Fanfan la Tulipe.
Capitaine de la Houlette : La Tulipe ?
Fanfan : Oui.
Capitaine de la Houlette : Que voilà donc un joli sobriquet ! Nous avions déjà Brin-d'amour, Pied-d'alouette, Bouton-d'or, Lilas-blanc. Ça n'est pas un régiment, c'est une plate-bande !



L’autre grande qualité de Fanfan la Tulipe, c’est sa magnifique photographie. Le travail (restauré avec soin) de mise en lumière et de contraste du Noir et Blanc est formidable. Mention spéciale pour les quelques scènes de course-poursuite où l’image est légèrement accélérée, rappelant la mise-en-scène du muet.


Fanfan la Tulipe est un plaisir d’enfant, une vraie plongée dans 1h45 de divertissement, et pour moi l’un des meilleurs films de Cape et d’Epée.
A peine terminé, on en redemande !

D-Styx
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le 4 mai 2021

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D. Styx

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