Xavier Gens partait de très loin. Coupable (et responsable) des abominables et ridicules Frontière(s) et The Divide, il n'y avait a priori rien à espérer de ce film de baston au pitch rabattu mille fois. Mais il faut croire que son statut de réalisateur farang lui a mieux réussi qu'à ce pauvre Sam, confronté aux pires crapules pendant 90 minutes déchaînées. Après avoir brossé en quelques minutes un beau et glaçant portrait de la condition d'un repris de justice en quête de rédemption, Gens nous plonge sans complaisance dans une Thaïlande tiraillée entre rituels traditionnels et gangs violents, campagne paradisiaque et hyper-urbanisation, commerce de rue et tourisme sexuel.
Le rythme de Farang est assez vertigineux, bien balancé entre plages de calme et coups de semonce d'une brutalité assez inouïe. Evidemment, le parallèle avec The Raid est inévitable mais Xavier Gens fait preuve d'une inventivité suffisamment réjouissante dans la mise en scène des mises à mort pour que l'ombre du film de Gareth Evans ne pèse pas trop pour le projet. L'interprétation et les dialogues, sobres et efficaces, ainsi que le soin accordé aux seconds rôles (énorme Olivier Gourmet, comme d'hab') contribuent à rendre Farang particulièrement attachant malgré ses péripéties codifiées.