Afin de ne pas être maudit jusqu'à la 35e génération ou de me prendre un procès pour incitation à la haine: ceci n'est pas un réquisitoire contre Fargo ni contre ses réalisateurs. Plus sérieusement, ça n'en est vraiment pas un. Prenez ceci comme un panneau "attention" si vous n'avez pas vu ce film et que vous comptez le voir; une tentative d'explication du pourquoi les avis divergent autant si vous l'avez déjà vu.

Oui, j'ai détesté Fargo. Maintenant je ne l'aime pas mais je comprends pourquoi j'aurais pu l'adorer et même pourquoi je pourrai peut-être l'adorer un jour.

Ceci est un panneau "attention" parce que Fargo fait partie de ses rares films pour lesquels le spectateur doit absolument être préparé. Je l'ai regardé parce qu'il se trouvait dans le top de machin-chose, dans les films préférés de truc-bidule mais à part cela je n'en savais rien, j'avais à peine survolé le synopsis.

Tout dans ce film est question d'ambiance et de symboles. Retirez ces deux éléments et vous avez droit à une mascarade plate, ennuyante et surtout très énervante. Pour faire simple, Fargo développe une sorte de mythologie à l'envers peuplée de sous-hommes aux actions grotesques. On nous présente donc une ribambelle de larves humaines allant de la larve pathétique à tendance larvaire (le personnage principal, Jerry Lundegaard) à la larve "à la Buscemi" (Steve Buscemi himself... Oui, ça mérite une dénomination particulière) en passant par la larve psychiatrique (l'asiatique que vous avez probablement oublié si vous détestez ce film). Et pour encore baisser le niveau, ajoutez à cela un accent américain vulgaire à se tordre de douleur (yeaaah?) et des personnages esthétiquement très moches et très cons (les prostituées juste pour donner un exemple). Dans tout ce foutra, Frances McDormand campe un personnage attachant et positif qui essaie de tirer tout cela vers le haut, les deux bottes bien enfoncées dans la neige mais qui doit bien souvent se mettre à leur niveau pour se faire comprendre.

Le problème est que si vous n'avez pas la clé au début du film, vous passerez à côté de tout cela et devrez vous contenir pour ne pas arrêter en cours de route. Cela explique peut-être pourquoi certains ont détesté ce film au premier visionnage et l'ont adoré au second.

En faisant abstraction de tout ce qui a été écrit précédemment, Fargo est une farce assez géniale. Je lui ai d'ailleurs accordé un point rien que pour ça. Une vaste blague puisqu'il dit s'inspirer d'une histoire vraie au début, chose qui est complètement contredite dans le générique de fin. Ceci donne lieu aux gloussements de nombreux dindons aussi drôles qu'énervant et qui peuplent désormais librement internet.

Non, je n'ai pas parlé de la neige et non, je n'ai pas non plus mentionné le fait que les Cohen brisent les codes du cinéma et que c'est trop bien. Pourquoi? Le paysage n'apporte rien de nouveau. Certes, il renforce très fortement l'ambiance du film; mais ça ne vous empêchera pas de passer à côté le cas échéant. Pour le cassage de code, je reste persuadé que ça n'empêchera jamais un bon film d'être bon et un navet d'être un navet. De plus, c'est ici plus une conséquence de tout le reste qu'une cause. Donc on s'en fout.

Toujours est-il que je suis passé complètement à côté et qu'il a 4/10. Cela nécessite donc un deuxième visionnage d'ici un an ou deux, histoire de digérer tout cela. Cette critique est donc forcément incomplète. Fargo est-il un bon ou un mauvais film? Je n'en ai absolument aucune idée.
Al_the_Jack
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le 1 oct. 2014

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Al_the_Jack

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