le 17 août 2017
Un homme, ses bêtes et le mal
Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...
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A la différence de l'ultérieur Mia Madre (2015) de Nanni Moretti, Fear of falling plonge dans son sujet tête la première, sans chercher à s'agripper aux branches ni à accrocher de manière factice des sourires aux visages pour égayer l'œuvre, rendre le film plus supportable, prouver que, malgré tout, la vie est belle...
Avec beaucoup de courage, avec une forme d'honnêteté nue, Bartosz Konopka nous donne à voir, dans la lumière froide et bleutée des pays de l'est, la déflagration que constitue, pour les proches, l'enfoncement progressif d'un parent dans la démence sénile. On accompagne Tomek, beau trentenaire à qui tout réussit - profession, famille... -, dans le dérapage de son existence, voire le dynamitage de sa personnalité au contact de la folie paternelle. Un père pourtant lointain et qui avait négligé son fils après la rupture de son propre couple. Mais Tomek, contacté par l'hôpital dans lequel son père a dû être provisoirement interné, répondra à l'appel, conscient de ses devoirs sur toute la ligne et ignorant de ce à quoi il s'expose ainsi.
Plusieurs années après la vision du film, des images restent dans le regard : les explosions de violence du père, pouvant aller jusqu'à l'affrontement physique avec son fils, la progressive altération du visage de celui-ci ; à l'opposé, le moment suspendu de sidération et de contemplation qui marque la découverte, par le fils, de la manière à la fois complètement folle et puissamment esthétique dont le père a orné son appartement d'une kyrielle de délicats objets suspendus au plafond, reflets de tout ce qui lui tintinnabule dans la tête...
Un apaisement, mais intime, profond, renouant avec la possibilité d'une transmission, surviendra vers la fin, avec la descente paternelle vers l'ultime, lorsque son fils, se tournant vers sa propre enfance, se souviendra des excursions montagnardes entreprises avec son père et des enseignements de celui-ci, voulant lui apprendre à dominer son vertige et à vaincre sa peur du vide. Comme s'il lui avait transmis, pendant qu'il en était encore temps, les moyens de lui résister ensuite et de survivre à ce qu'il allait lui infliger.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, Ma boîte à trésors, au fond des oubliettes du grand public, Films où il est question de la paternité, frontalement ou latéralement. et La vieillesse, le grand âge et leurs ravages
Créée
le 3 févr. 2016
Critique lue 434 fois
le 17 août 2017
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