Le mal-aimé.

Femme Fatale est probablement l'un des De Palma les moins apprécié avec Mission to Mars (et le Dahlia Noir dans une moindre mesure). Pourquoi ? Aux yeux de beaucoup, ces films représentent l'échec du cinéaste à passer dans l'époque dite "moderne", disons les années 2000, qui ont en revanche, été prolifiques pour son copain Steven Spielberg, après ses années 90 assez inégales. Bien des années après mon premier visionnage, qui m'avait laissé quand même pas mal perplexe, et à l'aube d'un nouveau film de ce cher Brian, autant laisser une nouvelle chance à Femme Fatale. Et je ne le regrette pas forcément.

Soyons tous de même clairs, ça n'est pas le chef-d'oeuvre de De Palma, ni même un très bon film. Mais... mais il a pas mal de qualités (et de nombreux défauts) qui lui permettent quand même d'accéder selon moins au titre de film sympathique.

Une des grandes forces de Femme Fatale, c'est son intro. La scène à Cannes est remarquable, foutrement bien rythmée, gracieuse à souhait... Là, pour le coup, c'est du grand De Palma à la réal'. Et puis ses thématiques sont là, il y a de la convoitise, du sexe, et de la violence. C'est probablement la vision la plus classieuse de Cannes que je connaisse en terme de mise en scène, juste devant La Cité de la Peur (hum...).

Passé cette intro, on se retrouve plongé au coeur de l'histoire, qui souffre assez vite d'un problème d'écriture. Si les idées sont là, et certaines sont vraiment sympathiques, De Palma se perd au cœur de ses problèmes et de ses nœuds. Le tout avec une conclusion qui m'a laissé assez perplexe, me rappelant d'ailleurs le principe sur lequel est basé la conclusion du dernier Oliver Stone, Savages. C'est intéressant sur le papier, mais j'ai quand même trouvé cela assez grossier dans le traitement. Surtout pour du De Palma.

Un autre point faible du film, c'est la direction d'acteurs (et un peu l'écriture des personnages). La plupart jouent soit mal, soit s'en foutent. On peut penser à Thierry Frémont qui n'hésite pas à surjouer le policier de manière assez ridicule, ou encore à Banderas qui a l'air d'être absent dans certaines séquences. De manière générale le cast' aurait pu être un peu mieux inspiré (même si y'a quelque chose de rigolo à retrouver un bonhomme de Taxi chez De Palma).

C'est sur la réalisation que De Palma se rattrape pas mal. Comme dans la scène d'intro, c'est fluide et gracieux. Il ne se prive pas de faire des plans-séquence ou même des longs-plans, avec une maitrise sans pareil de la grue et du steadicam, qui ont fait jadis sa gloire visuelle. Car oui, De Palma est quand même un gros maniériste. Mais au-delà de l’esbroufe visuelle que ça représente, il y a un propos et une envie de cinéaste derrière la caméra, qui s'articule tout de même autour d'un certain choix d'écriture, et de narration. Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler. Paris reste tout de même filmée de manière classieuse, et la photo de Thierry Arbogast, directeur photo de Luc Besson, aide grandement, jouant élégamment sur les travellings mais aussi les choix optiques assez particuliers de De Palma.

Je suis quand même pas trop mécontent de l'avoir revu, car j'entrevois dans Femme Fatale un film disposant de qualités qui méritent d'être remarquées, et ne méritant pas le statut de "film daubé". Comme je l'ai dit au début de mon pavé, on pourra toujours (et très facilement) trouver mieux dans la carrière du bonhomme, mais je ne pense pas qu'on perde nécessairement son temps devant Femme Fatale. Prochain sur la liste : Mission to Mars, et celui-là j'en garde vraiment pas un bon souvenir.