Fifi, c’est Sophie, une adolescente de 15 ans qui vit au sein d’une famille un peu chaotique, avec sa mère (jouée par Chloé Mons, très juste), ses deux sœurs et leurs enfants, dans une barre HLM du Haut-du-lièvre à Nancy. Après avoir fait la rencontre d’une ancienne copine de classe à la boulangerie, puis l’avoir raccompagné chez elle, Fifi subtilise les clés de la maison pour venir la squatter le lendemain, une fois que la famille sera partie en vacances. Alors qu’elle prend un bain, elle se retrouve nez à nez avec Stéphane, le frère ainé de son amie, étudiant d’une vingtaine d’années qui rentre de Paris pour venir se poser quelques jours à la maison familiale. Plutôt que de la renvoyer sur le champ, ce dernier lui propose un verre et même de faire de la mise sous pli en sa compagnie afin de gagner un d’argent. Démarre alors une surprenante amitié. Mais, entre les deux, la pudeur des sentiments les empêche de se dévoiler l’un à l’autre.

Premier film de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, Fifi est une jolie surprise, un film d’une fraîcheur absolue, une chronique estivale typique, pleine de tendresse, d’humour, de sensibilité et de légèreté, quelque part entre le cinéma d’Eric Romher et les premiers films de Pascal Thomas.

Au cœur de cette histoire fortement inspirée par des souvenirs d’adolescence de la réalisatrice, il y a la rencontre entre deux êtres plutôt singuliers, issus de milieux différents, dont la différence d’âge est un frein à leur relation mais constitue en tout cas pour le spectateur un très grand plaisir de cinéma, de par notamment la manière dont sont filmés les gestes, les regards, les attentions de chacun.

Pour incarner Fifi, la jeune Céleste Brunnquell (Les éblouis, En thérapie) est parfaite, jouant avec un naturel déconcertant le rôle de cette adolescente curieuse, un peu portée sur la bière et que rien ne semble effrayer, restant souvent stoïque face à la plupart des situations qui se présentent à elle. À ses côtés, Quentin Dolmaire, – sous ses faux airs de Dominique Rocheteau période Saint-Etienne, mais quand même plus proche de Charles Denner dans son jeu – est encore une fois formidable dans le rôle de Stéphane, jouant avec ce phrasé et cette nonchalance qu’on lui connait depuis qu’on l’a découvert en 2015 dans Trois souvenirs de ma jeunesse le film d’Arnaud Desplechin.

https://www.benzinemag.net/2023/06/26/fifi-jeux-de-lamour-et-du-hasard-dans-un-film-bourre-de-charme/

BenoitRichard
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes FILMS DE 2023 et Le Classement des FILMS de 2023

Créée

le 26 juin 2023

Critique lue 161 fois

3 j'aime

1 commentaire

Ben Ric

Écrit par

Critique lue 161 fois

3
1

D'autres avis sur Fifi

Fifi
SurLaRouteDuCinma
9

J'ai l'honneur de ne pas te demander... ta main

C'est l'été à Nancy et Sophie, dite Fifi, sait qu'elle ne quittera pas son HLM et sa famille bruyante.Dans une situation précaire la famille se compose de la mère, de trois grandes filles issues...

le 29 avr. 2023

13 j'aime

Fifi
Gori14
3

Abysses

À l’heure où le cinéma hexagonal tourne en rond en quête d’un éternel renouveau, à l’heure où les cinéastes tiennent la figure de prou d’une nouvelle génération prometteuse, c’est vers des films tels...

le 17 juin 2023

4 j'aime

5

Fifi
Katell-aime-ou-pas
10

GROS COUP DE COEUR

10/10 pour ce film pourtant modeste découvert au Festival QIFF de Quimper. Le film décolle surtout quand les deux protagonistes se rencontrent, mais une fois qu'on se laisse glisser dans cet été...

le 5 févr. 2023

4 j'aime

Du même critique

Le Mans 66
BenoitRichard
5

Critique de Le Mans 66 par Ben Ric

Déçu par Le Mans 66, film dans lequel je n'ai vu qu-une banale histoire de rivalité, pleine de testostérone, de vroum vroum et de "c’est qui meilleur" ? Certes les voitures sont belles, la...

le 16 nov. 2019

25 j'aime

1

Antoinette dans les Cévennes
BenoitRichard
5

décevant

Difficile pour moi de comprendre la quasi unanimité critique autour du film de la réalisatrice Carole Vignal dans lequel on suit une femme partie randonner dans les Cévennes sur les traces de son...

le 20 sept. 2020

24 j'aime

2

Petite Fille
BenoitRichard
8

émouvant et nécessaire

“Quand je serai grande, je serai une fille”, répète Sasha depuis qu’elle a 3 ans. Sasha est une petite fille comme les autres sauf qu’elle est née garçon. Malgré la présence d’une famille...

le 1 déc. 2020

21 j'aime