Le problème du cinéma asiatique : les actrices siamoises

Film de l’ombre-une femme à deux têtes (1977), court métrage de Shuji Terayama de vingt minutes, met en scène plusieurs personnages dans de courtes séquences filmées en plan fixe dans des tons sépia. Une petite fille joue avec un cerceau, un chien avance, un couple fait l’amour : chacun de ces instants est dédoublé par des ombres projetées aux murs. Ces ombres disparaissent, réapparaissent, bougent (ou ne bougent pas) indépendamment de leur propriétaire.
L’environnement sonore est réduit à une simple mélodie au piano et à ce qui ressemble à une guitare : il n’y a aucun dialogue, aucun bruitage.

La première chose qui saute aux yeux dans ce film est sa simplicité : les décors ne sont pas surchargés, les acteurs ne mangent l’écran, même le propos du film semble évident. Une femme à deux têtes est, à mon avis, une questionnement existentiel : c’est-à-dire une interrogation si on est ce que l’on se pense ou si l’on n’est que la trace qu’on laisse. Lorsque l’ombre du vélo disparait ou qu’une ombre sans propriétaire s’anime une question se pose effectivement : le propriétaire existe-t-il véritablement ? Lorsqu’une femme efface l’ombre d’un homme qui a disparu, est-ce bien pour terminer son existence, effacer sa dernière trace ?
Traitez moi de branleur de nouilles, c’est aussi carrément possible que je surinterprète. Toutefois, même si vous n’appréciez pas ces films à questionnement, Film de l’ombre-une femme à deux têtes peut être adoré en tant que film « style over substance » : les scènes proposées sont d’une étonnante poésie malgré des procédés utilisés si ‘kitsch’ que l’on pardonne au cinéma asiatique (le piano, le sépia, etc.).
D’un point de vue purement formel, ce court métrage est un délice mélancolique, vingt minutes ni trop longues ni trop courtes de séquences surréalistes existentielles. En, plus il y a des nichons.
Ptah
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le 15 févr. 2013

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Ptah

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