Please allow me to introduce myself I’m a man of wealth and taste

Treize (oui 13 !) après Seul au Monde, Robert Zemeckis revient au film live non sans avoir donné un grand coup de pied dans la fourmilière des nouvelles technologies en étant un des premiers à tourner en performance capture (Le Pole Express, par ailleurs sorti à l’époque en Imax 3D, date de 2004 soit cinq ans avant Avatar). Suite à la fermeture de ImageMovers, le studio qui servit également au Drôle de Noël de Scrooge et à Beowulf, le Papa de Roger Rabbit a quitté l’univers du cinéma virtuel pour revenir derrière une vraie caméra et s’attaquer à un scénario que Denzel Washington avait dans les mains depuis plusieurs années.

Le réalisateur a expliqué lors de l’avant première que c’est l’histoire qui l’avait poussé à faire Flight en live plutôt qu’en perfcap, ce qu’on peut comprendre en voyant le film, sans doute son plus intimiste mais aussi son plus sombre.
Flight s’ouvre… sur une jeune femme complétement nue ! Puis sur Denzel Washington s’envoyant de la coke. Et à vrai dire, ces quelques minutes sont surprenantes pour le réalisateur plutôt sage dans le choix des thèmes de ses films. Le spectateur continuera à être surpris par la suite, en découvrant notamment que Flight est avant tout un film … sur différentes choses.
En effet, la première grande scène du film est celle du crash de l’avion. Très dynamique, très prenante, elle permet également de découvrir un peu mieux le personnage de Denzel Washington, son addiction à la boisson et ses talents de pilote. Grâce à une ingénieuse technique, il va sauver les passagers. Mais il va le faire en étant sous l’emprise de l’alcool.

La première question que pose Flight est donc de savoir comment juger le personnage. S’il a tout l’air d’un drogué (et sans doute d’un salaud vu que sa femme l’a quitté et que son fils ne veut pas lui parler) doublé d’un alcoolique, il est quand même parvenu à réussir un tour de force et à sauver des vies. Est-il alors un méchant ou un héros ? Faut-il l’applaudir pour son acte de bravoure ou le sanctionner pour son comportement ? La question mérite d’être posée. Malheureusement, le film va mal la développer. En effet, le problème de Flight vient du fait qu’il veut évoquer trop de choses à la fois : l’héroïsme du pilote, l’enquête post-crash, son alcoolisme, sa rédemption. On a un peu l’impression d’avoir sous les yeux un pot pourri où l’on peut choisir de suivre le thème que l’on préfère. Ainsi, certains aspects sont peu mis en avant (l’enquête) et on se demande ce que d’autres font là (l’apparition du personnage de Keilly Reilly, inutile).

Sensation étrange pour le spectateur qui ne sait pas trop quel élément de la narration choisir, sans pour autant que ça lui paraisse confus ou trop chargé. Heureusement, Denzel Washington est suffisamment impressionnant dans son rôle d’alcoolique pour nous intéresser à son parcours, puisqu’au final c’est surtout un film sur l’homme qu’il est. Et l’acteur livre là une des meilleures performances de sa déjà très belle carrière. John Goodman et Bruce Greenwood sont également très bons, contrairement à Kelly Reilly.
Robert Zemeckis, lui, offre une réalisation toute en retenue. On imagine comme il l’a expliqué que c’est l’histoire qui l’a poussé à rester sobre (ah ah) mais peut-être pouvait-on en attendre plus de celui qui avait composé quelques plans de fou furieux dans certains derniers longs métrages (souvenez des passages de Beowulf contre la créature marine ou le combat sur le pont suspendu).

A cause de sa narration bancale, Flight n’est donc pas le film parfait qu’on aurait aimé voir de la part du réalisateur de Retour vers le Futur. Néanmoins, porté par son acteur principal et quelques très bonnes scènes, il reste un drame humain de très bonne facture précédé par une scène de crash des plus réussies.
cloneweb
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le 17 janv. 2013

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