Avec ce film, soi-disant réalisé par une amie de Florence Arthaud, on se demande si l’intention était de rendre hommage ou d’enterrer son héritage. Dès les premières minutes, un constat s’impose : ce n’est pas la navigatrice visionnaire qui nous est présentée, mais une femme réduite à des clichés éculés.
Il faut attendre 47 minutes avant de la voir naviguer, alors qu’elle a révolutionné la course au large et marqué l’histoire du sport ! Pendant ce temps, le film s’attarde avec un luxe de détails sur sa vie sentimentale, avec gros plans et nudité en pagaille, comme si sa trajectoire personnelle se résumait à ça. Ses stratégies de navigation ? Oubliées. La manière dont elle a trouvé ses premiers sponsors, pourtant un exploit à l’époque ? Passée sous silence, sauf pour une allusion douteuse sur "les hommes qui voulaient la séduire".
Quand, enfin, on aperçoit son fameux trimaran, c’est pour la montrer en train de dessiner une bannette, comme si elle concevait une déco intérieure plutôt qu’un bateau qui allait révolutionner la course au large. Ses choix techniques, ses innovations, sa vision ? Tout est escamoté.
Ajoutons à cela des dialogues d’une lourdeur sans nom et un Kersauson caricatural au possible, et on obtient un film qui, au lieu de sublimer la pionnière qu’elle était, nous sert un portrait rétrograde, enfermé dans une vision dépassée de la femme dans le sport. Dommage. Avec ses belles images et un budget conséquent, il y avait de quoi faire un chef-d'œuvre. On se retrouve avec un biopic frustrant, qui rate complètement son sujet.