Son nom est Forrest, Forrest Guuuump

Adaptation du roman de Winston Groom publié en 1986, Robert Zemeckis signe là un film qui marquera le cinéma à jamais. Forrest Gump retrace avec humour et émotion l’histoire des Etats Unis. Une jolie réflexion sur le monde, les êtres humains, l’Amérique des années 60 à 80, vue à travers les yeux d'un individu en retard mental. Vous n’avez pas encore vu ce chef d’œuvre ? Cette critique pourrait peut être vous aider à enfin franchir le pas…

Le 20ème plus grand personnage de cinéma de tous les temps, c’est Forrest

Tous les cinéphiles ont des films qui ont marqué leur vie, des films qui pour certains, leurs ont appris les choses importantes de la vie. Forrest Gump fait parti des films qui sont chers à mon cœur et malgré le fait qu’il soit aussi drôle que triste, il faut l’avoir vu au moins une fois dans sa vie. C’est un film plutôt accessible à tous, comptant un scénario simpliste optant pour deux manières de nous conter l’histoire. Dès le début, nous faisons la connaissance de Forrest, un homme assis seul sur un banc, attendant son bus. Forrest est du genre à apprécier discuter et conter son histoire mouvementée aux inconnus qu’il croise. Pendant la majeure partie de cette œuvre, nous voguerons entre présent (pour que Forrest expose les diverses situations qu’il a vécut) et passé avec de nombreux flashbacks retraçant la vie, l’histoire du héros. On peut ainsi diviser le film en trois parties : l’arrêt de bus (le début où prend place l’intrigue), les flash back (de l’enfance à l’âge adulte), puis la fin du récit. Tout est bien expliqué, tout est clair, vous permettant de suivre correctement l’intrigue sans être embrouillé.

Au cours des années, Forrest rencontrera des personnages ayant marqués l’histoire. Il se retrouvera parfois maladroitement témoin de certains évènements. On opte alors pour du comique de situations (exemple : Forrest se retrouvant à se dandiner parce qu’il a bu trop de soda et doit attendre d’aller aux toilettes pour serrer la main du président Kennedy). Les surprises fusent, permettant d’avoir ces nombreux moments amusants où l’on voit que notre héros a été impliqué dans l’histoire de son pays, bouleversant même malgré lui la pop culture (c’est le vrai inventeur du Smiley !). Les références historiques se multiplient et placent le héros au centre de celles-ci toujours de façon comique : sa rencontre avec des stars de la musique, la guerre du Vietnam, le mouvement hippie, voir carrément, l’affaire du Watergate. Le plus drôle : notre personnage demeure insensible à toutes ces rencontres, tous ces lieux dans lesquels il ira alors que certains assassineraient père et mère pour êtres à sa place. Avec Forrest Gump on apprend en s’amusant, découvrant, redécouvrant l’histoire (Forrest aurait fait un excellent professeur). Avec toutes ces séquences, on est époustouflé par la qualité du rendu et le développement de ces riches moments clés de l’histoire américaine.

« Le truc le mieux quand on rencontre le président des États-Unis,
c’est la bouffe ».

Héros et guide spirituel malgré lui

Forrest, il a passé sa vie à courir, et ce, depuis tout petit. Notre héros doit comme chacun d’entre nous traverser différentes étapes de la vie. Bonnes et douloureuses mais étapes où l’on ressort toujours grandit. Il a perdu des êtres chers mais n’a jamais versé une larme, ne se lamentant jamais sur son sort, prenant les choses telles qu’elles viennent, telles qu’elles sont. Lui qui n’a jamais eu de réels désirs autres que celui d’être avec Jenny, n’a pas de plans pour son avenir, prenant ses décisions au jour le jour. On le voit par exemple s’engager dans l’armée juste après avoir obtenu son diplôme non pas parce qu’il en a envie, mais juste parce qu’il n’a rien d’autre à faire. Si on pouvait voir la vie de sa manière, ça nous éviterait bien des soucis. Forrest Gump c’est alors un message d’espoir, une source d’inspiration pour tous ceux dont on pense qu’ils sont stupides. Comme maman Forrest disait toujours : « N’est stupide que la stupidité ». Ici, le handicap n’est pas signe d’infériorité, bien au contraire. C’est grâce à ce personnage si beaucoup portent tout comme lui les célèbres baskets Nike Cortez. N’oubliez pas non plus le célèbre « Cours Forrest ! COURS ! », qu’on s’amuse tous à ressortir quand on voit quelqu’un courir pour ne pas rater son train.

On pense que ce que fait, ce que dit le personnage n’a pas de sens, comme décider du jour au lendemain de se mettre à courir pour laisser métaphoriquement (le passé derrière lui). Ce qu’il ne sait pas c’est qu’en faisant cela, les gens y verront un geste symbolique. C’est ça le plus beau, tout ce que fera/dira Forrest au cours de son existence sera bien plus censé et intelligent qu’il laissait paraitre. Tom Hanks dégage tant de sensibilité, de fragilité, de gentillesse, de courage, de naïveté, d’authenticité dans son rôle. Une merveille. On n'en attendait pas moins d'un acteur si talentueux, si simple et si adorable dans la vie de tous les jours. A quand un musée Tom Hanks?

En plus de notre héros, on s’attache à toute une galerie de personnages secondaires interprétés brillamment. De maman Forrest en passant par Jenny, Bubba ou encore le Lieutenant Dan. Rempli de poésie, de féérie et de magie, Forrest Gump a de grosses allures de conte de fées. Un autre point important à ne surtout pas oublier: l’amour. En plus de l’amour que porte Forrest à sa mère, l’amour qu’il porte à ses amis, il y a cette puissante romance entre notre héros envers Jenny, la femme de sa vie. Elle, le voit comme son meilleur ami et se refuse, vue la vie qu’elle a eu, de le faire souffrir comme elle a souffert. Il y aura des hauts et des bas entre ses deux personnages mais on ne peut rester insensible envers l’amour que porte notre héros à cette jeune femme qui en a bavé.

Vos oreilles et vos yeux seront émus

Et la musique dans tout ça ? Elle joue un rôle primordial dans notre histoire. Son thème par exemple, thème joué au piano et que tout le monde connait, que beaucoup ont reprit. Thème musical mélodieux, apaisant, symbolisant l’atmosphère à fois tendre et touchant de notre film. Mais il symbolise aussi la pureté de notre héros rempli d’innocence. Préparez-vous à sortir les mouchoirs. Soyez rassuré, il y aura d’autres morceaux plus optimistes. Après, tout, il s’agit de mettre en avant les succès du héros principal.

Avec Alan Silvestri (Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?) aux commandes, il n’y avait aucune peur à avoir quant à la qualité de la bande originale. L’intrigue de notre film s’étalant sur plusieurs époques, on nous offre un large choix musical. Vos oreilles vont voyager dans le temps avec des grands de la musique comme Elvis Presley, Les Beach Boys, Simon and Garfunkel, The door, Little Richard (et son mythique Long tall sally). Bien entendu, si vous avez aimé les nombreux titres proposés dans le film, la bo est à se procurer d’urgence.

« T’es déjà monté sur un crevettier ? - Non, mais je suis déjà monté
sur un tas d’autres arbres... »

Un film intelligent et inspirant

Réussir à faire un film naïf et innocent sur les bords mais profond intelligent si on y voit toutes les subtilités placées dans les dialogues et séquences comiques relève du génie. Truffé de scènes d’anthologies, mais surtout de répliques philosophique inspirantes. Avec Forrest, vous apprendrez qu’il faut lâcher prise et profiter du moment présent , qu’il faut arrêter de s’interdire de faire telle ou telle chose parce que d’après certains ce n’est pas normal, ne plus juger ceux qui ne sont pas dans le même moule que la société, oublier l’opinion négatifs des autres, ne jamais regarder derrière soi (le passé, c’est le passé) et que, comme la célèbre réplique du film le dit si bien, « La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Les aléas de la vie, on ne les maitrise malheureusement pas.

Au final, Forrest Gump est plus qu’un film, plus qu’une leçon de vie, un message d’amour à l’humanité.