Dans le rôle du propriétaire d'immeuble le plus flippant du monde, je demande Klaus Kinski. Parce que quand même un chirurgien adepte de l'euthanasie ainsi que de l'état nazi qui s'amuse à mettre des pièges mortels partout dans son immeuble, à garder des morceaux de ses victimes dans du formol et une femme dans une cage, c'est pas banal.
Et selon David Schmoeller (dont j'aime beaucoup Tourist Trap), le crescendo dans la tension c'est pas important: environ dix secondes après le début du film il y a déjà un meurtre improbable à coup de harpon mécanique et une scène de roulette russe avec un colt de trois mètres de long. Et la suite reste un peu dans cet esprit, avec des meurtres réguliers plus ou moins inventifs, annoncés par le claquement d'un pendule de Newton ou d'un couteau tapé sur une bille en fer, et la rédaction de lettres en voix-off où notre teuton repense, ému, à sa jeunesse... hitlérienne en analysant sa folie meurtrière. Kinski est plutôt calme (oui oui, c'est possible) mais finit tout de même par faire peur à l'aide d'un peu de maquillage et d'un documentaire Arte sur le troisième reich, le reste du casting est un refuge de gourdes et de mollusques qui tient de la réserve naturelle et y'a Pino Donaggio à la bande-son qui à l'air de s'être endormi sur son synthé après la compo du générique.
Ce qui est marrant c'est que ça ressemble à du vidéo nastie qui se déroule selon un schémas assez linéaire et régulier, mais dans les vingt dernières minutes le scénario pète un plomb sans crier gare et on passe d'une seconde à l'autre du point de vue de Kinski au point de vue d'une nana qu'on avait à peine vue auparavant pour une course poursuite finale qui se résume à dix minutes de poursuite et dix minutes de déplacements dans des conduits d'aération vides, avec facilités de scénario et pièges un peu improbables (comment peut-on installer une herse qui sort d'un mur du jour au lendemain sans que personne n'y voie rien ?!) mais parfois assez marrants, dont une chaise à pointe qui doit être bien douloureuse et une installation de serres-joints qui aurait pu se trouver dans un Saw.
C'est dispensable, un peu chiant et complètement illogique mais c'est quand même marrant, et y'a quelques idées amusantes à la Tourist Trap qui traînent, par-ci par-là. Les scènes de roulette russe, ou l'invention du skateboard pour immeubles... pour une production Charles Band c'est quand même du haut niveau.
Dans le genre "Maison piégée" je recommande plutôt Le Sous-Sol de la Peur de Wes Craven ou même le récent The Collector.