Il y a des histoires qui vous laisse KO… une gueule de bois,

Deux femmes : une mère et une fille. L’un est sobre et l’autre est une droguée dans un huis-clos avec un compte à rebours.


Le réalisateur nous embarque avec la mère. Un matin, elle constate une étrangère sur le pas de sa porte. Sa fille Molly, toxicomane, rentre à la maison et constate que sa clé ne fonctionne plus. De plus, chaque fois que quelqu’un ouvre la porte une sonnerie résonne. C’Est pour signaler l’arrivée d’« intrus » et quel intrus ? Suivez mon regard.


La mère accepte d’aider (encore) une fois Molly. Commence alors un long processus d’apprivoisement. La mère ne parvient pas à rejeter sa fille, la fille ne parvient pas à raccrocher la drogue. Cette passion est là même pour l’une comme pour l’autre.


DEB :
DEB est une mère courage. Elle avait une belle vie : un mari et deux belles filles, mais elle ne se sentait pas heureuse dans sa vie de couple et, du jour au lendemain, durant la 17ème année de sa fille, elle décide de tout plaquer et de disparaître. Pendant ce temps, sa fille MOLLY développe une addiction à un médicament. Quand elle revient, elle trouve sa fille dévastée. Au début du film, elle pensait avoir mis cette histoire d’addiction derrière elle, elle ne voulait plus se sentir impliquer dans les décisions de sa fille. C’est sans compter cette dernière. DEB n’y croit pas, puis au fur et à mesure on la voit reprendre espoir, mais ce minuscule sentiment est étouffé par ses craintes. Elle a déjà connu les promesses, les vols, les remords, les insultes, le sevrage. Elle en avait marre. Et pourtant elle rempile. C’est d’autant plus étonnante qu’elle a pris cette décision dramatique de tout quitter sans état d’âme en pensant essentiellement à elle. Malgré tout cela, elle s’accroche à cette microscopique lueur d’espoir. Parfois le coeur d’une mère est aussi insondable que les abysses de l’océan. Le réalisateur explore les facettes de ce personnages avec délicatesse. Il n’en fait pas un ange de miséricorde. Non DEB a la langue bien pendue et autant de violence que sa fille. Telle mère, telle fille… On retrouve la culpabilité dans ce personnage : à la fois celle de vouloir vivre, et celle de devoir prendre une décision par rapport à sa progéniture.


MOLLY :
Est une toxicomane, qui décide de raccrocher. Encore une fois… Elle en est à 14 cure de désintoxication et un nombre incalculable de fois où elle a décidé d’arrêter. Ni sa mère, ni son père, ni sa soeur, ni ses enfants ne sont parvenus à vaincre l’addiction à la drogue. Même une nouvelle grossesse. C’est pour dire. Par contre elle est sûre d’une chose, elle ne peut commencer son sevrage que si elle est chez sa mère. Sa mère est son ancre, sa référence. Toute sa famille l’a abandonner et même sa mère, mais elle finit par y revenir. Elle a tout perdu et elle revient à la maison. Dans le traitement de ce personnage, j’ai beaucoup aimé deux choses. La première : que le personne ait la trentaine, comme l’actrice dans la vraie vie et la deuxième : que le réalisateur n’essaie pas d’arrondir les angles. C’est une putain de toxicomane, et il la traite comme telle. Il en fait une petite chose pathétique, qui ment, qui triche, qui vole et qui essaie encore et encore de raccrocher mais la drogue la bouffe. La drogue est plus forte que sa propre honte. D’ailleurs le commencement de son addiction et les raisons sont d’une banalité affligeante : elle était une élève brillante qui s’est foulée la cheville. Elle a pris des anti-douleurs et a développé son addiction. Cette histoire est commune à d’un millier d’américains. Ce que peu de média raconte c’est que les overdoses liées à la drogue légale ou non, est la cause majeure des décès pendant l’épidémie du COVID. Et avant le COVID, la situation aux US est déjà dramatique…


LES AUTRES :
Dans cette bataille, les autres ont lâchés l’affaire depuis longtemps. La société a condamné MOLLY à perpétuité. Dans une école, une gosse de même pas 14 ans lui balance du mépris à la gueule et lui fait sentir qu’elle n’est qu’une moins-que-rien. Même son fils s’y met, sans faire exprès certes, mais les mots ont le pouvoirs de guérir, comme de blesser. Et les autres hurlent à MOLLY qu’elle est un déchet et à DEB que c’est de sa faute et qu’elle doit l’abandonner.
Mais rien n’y fait…
On compatit face à cette tragédie. L'histoire de la drogue c'est d’abord celle d'une famille. Parce que oui la fille est affectée mais les répliques se font sentir par tous: la soeur est abandonnée par la mère dans un restaurant, ou encore la mère hurle sur son ex-mari parce qu’elle est inquiète pour sa fille. Les membres qui ne cautionnent pas l’attitude de Molly sont exclus de ce huis-clos. À partir du moment qu'une famille décide d'aider un toxicomane, elle est entraînée à sa suite dans ses aventures et dans ses combats. Il est malheureusement impossible de séparer les deux. La mère est constamment en train de remettre en question la parole de sa fille parce qu'elle sait que c'est la drogue qui parle. Molly essaie constamment de prouver à sa mère qu'elle est digne de confiance alors que la drogue la fait mentir h24.


Les actrices ont vraiment bien joués leurs rôles. Leur face à face n’est absolument pas déséquilibré… On est avec les deux femmes de la première minute à la dernière. Le traitement du sujet est vraiment fin, on ne tombe pas dans le pathos ou la diabolisation. (Oui on sait que la drogue c’est mal, mais arrêtez c’est une autre paire de manche. )


A la fin, on comprend que la rechute est au coin de la rue, à une seconde près et que le processus d’apprivoisement prendra toute une vie….


Ce film est l’histoire des combats d’une mère, de sa fille et de la société… une des pépites que nous offre le cinéma.

LizzyEngland
6
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le 25 nov. 2021

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LizzyEngland

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