Les affiches dans le métro me suggéraient un film de superhéros classique. Le film débuterait sur la vie d'un jeune cadre new-yorkais. Celui-ci, par un mécanisme ''à déterminer'' (comme dirait la version géante de Guy), serait doté de superpouvoirs et sauverait l'Amérique. Mais le scénario s’avère assez original et plus réussi que celui du petit frère Ready Player One : il est basé sur une connexion entre le monde réel (la Californie du film) et un jeu vidéo très populaire nommé Free City.


L'univers de Free City est fortement inspiré de Fortnite. Les armes et médicaments récupérables un peu partout, la chute libre tête la première, le planeur (''glider''), les danses stéréotypées, les skins très variés et l'insistance du film à ce sujet transforment Free City en un pastiche et rendent l'univers du film très dynamique. Seule la caverne d'Alibaba personnelle des joueurs fait exception aux principes du phénomène Fortnite.


L'intrigue est intéressante. Deux jeunes programmeurs dénommés Millie et Keys, dont l'idylle est une intrigue secondaire, se font dérober leur jeu vidéo par un mondain sans scrupule de la Silicon Valley, et devront récupérer la preuve du vol dans Free City, qui est une version modifiée de leur jeu. La partie la plus remarquable du jeu de Millie et Keys est l'IA qu'il contient. Cette IA serait en effet la première forme authentique d'intelligence artificielle, dans la mesure où elle serait capable d'apprendre des concepts auxquels elle n'a pas été formée.


Outre l’avènement d'une puissante IA, le film mentionne avec subtilité d'autres problématiques modernes : le privilège blanc, le patriarcat, et les morts et blessés par armes à feu aux Etats-Unis. Il est amusant de voir Guy, dans sa candeur habituelle, s'étonner de la fréquence des morts par armes dans le monde de Millie. Le film compte d'autres références, en particulier à The Big Lebowski via les noms ''Guy'' et ''Dude'' et une explicite à Jumanji.


Si l'humour n'est pas toujours très fin (Guy / good guy, good day / great day, TBD / third adjective), Free Guy fait sourire et évoque des sujets contemporains sans verser dans la caricature. En arrière-plan, le choix du nom Free City n'est pas anodin et rappelle le discours libertarien d'Andrew Ryan dans l'introduction de Bioshock. Dans les deux cas, l'idéal de liberté, d'absence de régulation, se transforme en zone de guerre. Cela contraste avec le nom du jeu développé par Keys et Millie, Free Life, dont la fin du film semble indiquer que c'est un paradis sur Terre virtuelle.

vincentbirobent
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le 16 août 2021

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