Attention, changement de tonalité en vue

Aaaah, Stanley Kubrick.
En laçant le film, je me suis dit que quand même, après un fantastique Barry Lyndon et un incroyable Orange Mécanique, j'allais passer un ultra bon moment.

Au départ, je n'ai pas été déçu. Le film commence en grande pompe avec ce personnage de Sergent tellement décalé et caricatural qu'il en est extra. Cet enchainement de répliques cultes, de confrontations de personnages tous plus hilarants les uns que les autres. Ca part fort mais ça retombe vite. En voyant un commencement si comique, je m'attendais à ce que tout le film soit dans cette tonalité mais bien vite le sérieux nous rattrape et on tombe carrément dans le tragique avant la fin de la première partie.

Dans la première partie justement, le montage est assez lent je trouve. On a l'impression d'avoir une succession de moments voire presque de gags sans lien narratif. Ca semble très décousu, totalement en opposition avec la seconde partie bien plus construite et réaliste mais le rendu est assez déconcertant.

La force du film est véritablement cette coupure en deux avec d'abord la formation puis le contact avec la guerre. Dans la construction déjà, le changement se ressent. On passe d'une sorte de catalogue d'évènements à un vrai récit de guerre. La tonalité évident est ce qui frappe le plus. Du comique, on passe au tragique et presque à l'horreur. Malgré tout, cette qualité est aussi peut-être son point faible pour une personne comme moi qui ne s'attendait pas du tout à ça. C'est très déstabilisant, on ne sait pas trop dans quel sens prendre le film. On ne sait pas vraiment quel personnage on suit, qui est le héros, s'il y en a un. J'ai ressenti comme un flottement pendant tout le film, il n'y a pas ce petit repère dont a besoin le spectateur pour suivre la continuité de l'histoire.

En outre, le film est bourré de contradictions de ton. Musique rock sur image de guerre, blagues trouvant leurs origines dans la mort, Kubrick joue avec le décalage du ressentit pour dédramatiser le tout mais aussi pour montrer une certaine absurdité à cette guerre "ingagnable". C'est la dualité de l'homme, comme dit Guignol avec son casque "Born to Kill" et son pin's peace.

Pour tout ce qui est réalisation, pas besoin de revenir dessus, c'est Kubrick alors c'est forcément bien.