Il y a des films qui jouent pleinement leur rôle d'art dans la Cité, Gagarine est de ceux-là.
Gagarine c'est l'histoire de Youri, un jeune homme seul sur Terre et seul dans l'espace.
Seul parce que sa mère n'a pas de place pour lui, seul parce que son voeu est de préserver cette cité promise à la démolition, à l'instar de Major Tom qui se dissoudra from Ashes to Ashes (rapprochement tout personnel). Un jeune homme inscrit dans son Histoire en tant que fils, en tant que citoyen, en tant qu'homme amoureux.
Gagarine est un film, me semble-t-il, profondément pessimiste, et profondément politique :
Notamment par ces séquences où Dali, l'ami de Youri, lui souligne
Et là t'es dans le moment présent
quand on se laisse aller dans la version pacifiquement rasta de l'hymne national pourtant si sanglant, je veux parler du morceau Aux Armes Et caetera de Serge Gainsbourg.
Mais aussi un film foncièrement ancré dans le dernier recours contre une inéluctable fin, jusqu'à la folie, faute de collectif.
Pessimisme et collectif que les auteurs semblent nous inviter à ne pas lâcher, rester éveillé.e.s ; j'en veux pour preuve l'allégorie de la "banlieue de l'étoile" comme étayage nécessaire à ce que cette étoile tienne.
Va savoir pourquoi, j'y ai aussi vu quelques prises de vues, images hitchcockiennes : Rear Window pour le regard vers l'autre ; Vertigo pour les prises de vues dans les escaliers ; North by NorthWest pour les façades plein écran... Hitchcock pourtant avait des questionnements principalement individuels.
Gagarine est un film d'amour, au sens le plus noble, un film d'espoir d'amour, car sans la survie, la vie et les autres, point d'amour possible...
D'ailleurs l'amour le sauvera-t-il ? Telle est la question.
Les auteurs nous laissent sur une question ouverte qui n'est pas sans me rappeler l'étalon du drame social des années 2010 en France, j'ai nommé Les Misérables.
La balle est dans notre camp, celui de l'échange et du partage hors du politiquement correct et de la bien-pensance.
Et puis un film avec Farida Rahouadj ne peut être que bon.
Bref un film à voir.
Comme toujours tout ceci n'engage que moi
Bonne séance !