Un conte sulfureux aiguisé à l'intensité

J'évoquerai ici les 4 disciplines qui pour moi sont l'essence même d'un film:


-le jeu d'acteur
-l'ambiance sonore
-l'image
-les symboles métaphoriques (sous un prisme analytique)


Ainsi que les hics/quacks qui personnellement, m'ont déçu.


Ces 2 jeunes acteurs (non professionnels), lumineux et extrêmement crédibles grâce, entre autre à leur talent d'interprète, mais aussi à la complicité inconditionnelle entre Wim, le réalisateur et eux perçue à l'avant première mondiale: au cœur de l'Europe, la ville la plus merveilleusement "cocasse" du monde... Bruxelles ma belle.


Envoûtant grâce à la composition musicale unique et intensément porteuse du film entier, dont l'usage à outrance ne fait qu'augmenter la vitesse du tourbillon dans lequel nous sommes transportés. Et ce n'étant pas moins attendu de la part d'un réalisateur/chorégraphe et à sa collaboration avec les compositeurs Marc Ribot et Mauro Pawlowski.


Le chef opérateur Gabor Szabo, qui est au service royal de ce qui compte le plus pour moi dans un film, la narration. On en est que captivé par sa captivation. Cette glorification des personnages, les rend héroïques et ancre ainsi le film dans un conte.


L'intrigue de l'histoire se construit sur une suite de symboles futés avec le premier: la scène suivant la rencontre de Lula et Sam, ce dernier réactionne sa radio en tournant le locket de celle-ci faisant une confusion maligne entre le locket de l'appartement de Lula et celui de la radio: sachez que dans un film rien n'est laissé au hasard. Ils ont effectivement coucher ensemble. Et ce symbole qui éveille en nous, spectateurs un pressentiment vague se confirme lors de la grossesse apparente de Lula. Pourtant, le choix du réalisateur a été d'énoncer ce symbole qui me paraissait à la base subtil et puis très clair, pas besoin de l'énoncer par un personnage (Sarah). Le fait d'énoncer un symbole fait perdre la connotation de celui-ci mais permet qu'un film soit à la portée d'un public plus large. Néanmoins, je reste persuadée que l'interprétation de tels symboles, appuyés et insistés, peuvent être la porte ouverte à l'intuition du spectateur humain...


En parlant de ces fameux symboles, vous rappelez vous de ces 2 petites jumelles au carré noir qui font des apparitions à chaque fois que Sarah fait quelque chose de mal en rapport avec le vol des 2 jumeaux de Lula. Ces apparitions mystifiées posent à la fin la question de jugement et le réalisateur y répond lui même en y rendant justice : dernière apparition des jumelles à la mort de Sarah devant le petshop de Sam. Une fin moralisante et violente qui je trouve met fin au suspens final du film, et vu que le conte est résolu lorsque justice est rendue, les scènes suivantes sont, du coup, dépourvues d'intérêt (Rasha & Pancho fuyant au galop sur la plage, Sam les suivant en voiture).


D'une part la violence de fin ne fait que signer la succession d'actions violentes et fracassantes qui se succèdent depuis le deuxième acte. D'autre part, il y a, je trouve, un abus de cette violence qui n'est ni exprimé au niveau du contexte ni en ambiance, mais en actes maltraitants récurrents qui nous rappelle le monde de ces Peter Pan diaboliques duquel on est témoin. A mon sens, cet aspect manque de justesse par rapport au reste.


Malgré cela, j'ai trouvé le film grandiose et intense, un vrai moment de cinéma (à partager)!

Zélie_Vs
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le 6 sept. 2015

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Zélie Vs

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