Genesis
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Genesis

Court-métrage de Nacho Cerda (1998)

Les trois courts métrages qui constituent cette "trilogie de la mort", du cinéaste espagnol Ignacio "Nacho" Cerda, diffèrent tous par deux aspects. D'abord par leur ambiance : le premier, The Awakening, est plutôt mystérieux ; le second, Aftermath, est gore et malsain ; le dernier, Genesis, frôle le mysticisme et le symbolique.
Ils diffèrent également par leur approche de la mort. Là où The Awakening considérait l'instant même de la mort comme rupture avec notre monde et passage dans un autre, Aftermath ne voyait que le traitement réservé à notre corps après la mort, sorte de tas de viande, carcasse froide qui devient objet de désir pour un esprit malsain.
Genesis, lui, se déroule sur un plan supérieur. Parmi les nombreuses significations du film, il y a le cycle de la vie, la nécessité d'une mort pour permettre la vie.

Genesis est, de très loin, le plus esthétique des trois films. Les plans sont magnifiques, sauf quelques exceptions (les flashs de souvenirs douloureux, filmés avec des filtres verdâtres, qui sont plutôt moches et qui, seuls, justifient que je n'aie pas mis la note maximale au film). Comme d'habitude, il n'y a aucun dialogue et il n'y en a aucun besoin, bien au contraire (j'avoue que je suis assez curieux de voir un long métrage du cinéaste, pour découvrir ce qu'il fait avec des dialogues). Les images parlent d'elles mêmes, et cette absence de dialogues renforce le caractère poétique du film.
Car Genesis est nettement plus abordable que Aftermath. Au point que sa classification dans la catégorie "horreur" me paraît franchement exagérée. Le film relève plus d'une poésie sombre et symbolique.
Car c'est aussi le film le plus profond de la trilogie. S'inspirant du mythe de Pygmalion, il propose une formidable réflexion sur l'art. L'art qui se nourrit de l'artiste (au sens propre dans ce film, mais aussi au sens figuré, la statue s'inspirant des souvenirs de l'épouse décédée du sculpteur). L’œuvre d'art qui, une fois dévoilée, a sa propre vie, indépendante de la volonté de son créateur.
Le terme de "créateur" prend d'ailleurs tout son sens quand on voit la posture finale du sculpteur, figé dans un geste qui rappelle celui de Dieu dans la fameuse Création d'Adam de la Chapelle Sixtine.

Film remarquable, croulant sous les prix lors de différents festivals, ce Genesis est un petit chef d’œuvre, une de ces merveilles qui récompensent les spectateurs curieux.

Trilogie de la mort, volume 1 : The Awakening : http://www.senscritique.com/film/The_Awakening/critique/17259207
Trilogie de la mort, volume 2 : Aftermath : http://www.senscritique.com/film/Aftermath/critique/17259202
SanFelice
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le 16 déc. 2012

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