Ghost in the Shell
7.7
Ghost in the Shell

Long-métrage d'animation de Mamoru Oshii (1995)

[Science Fiction (cyberpunk) / Policier]


Ghost In the Shell fait figure de grande référence dans le domaine du film d'animation, considéré comme un classique du cyberpunk, il raconte l'histoire de la section 9, une unité de police luttant contre le cyber-terrorisme et l'espionnage informatique avec à son commandement Kusanagi, une flic cyborg ne vivant que pour son boulot.
Si le pitch de départ se vend comme original, je trouve qu'il ne l'est pourtant pas beaucoup, même si certaines thématiques sortent de l'ordinaire comme le "Ghost", une interface connectée directement implantée dans le cerveau permettant de faire du monde un réseau social sur le plan physique, il n'en reste pas moins que l'histoire n'apporte pas grand chose de plus au genre.


La narration est décousue, menant maladroitement le spectateur d'une scène à l'autre devant se creuser pour comprendre le fil conducteur du scénario, l'animation n'est pourtant pas mauvaise, les décors sont travaillés, et parfois, on peut même trouver dans certains de jolis détails bien que cela soit assez inégal, laissant quelques plans relativement moins travaillés que d'autres, les couleurs y sont propres et reflètent bien l'univers créé, mais il y a aussi des décalages trop importants parfois, certaines scènes partant dans des univers totalement différents ce qui donne une impression de cassure qui est, selon moi, de trop pour cette histoire déjà déstructurée. De même, les personnages, sur le plan du design, ne sont pas géniaux, le dessin étant trop caricatural du manga des années 90 sans réel recherche de distinction par rapport à tout ce qui a pu ce faire d'autre.
Mais ce n'est pas l'animation qui m'a déçu.


Le fait que cette œuvre soit vendue comme étant la meilleure ("l'œuvre maîtresse de la japanimation" comme il est dit sur la pochette du DVD) m'avait donné envie de la voir, je m'imaginais déjà une pièce de qualité, qui, en plus, s'inspirait de la philosophie Dickienne (en tant que grand fan de Philip K. Dick je me devais de le regarder). Et pourtant, j'ai été déçu, il ne s'agit pas là d'une perle rare, au contraire je le vois plutôt comme un stéréotype du cyberpunk, les policiers cherchent à arrêter une nouvelle forme d'intelligence qui ne cherche qu'à survivre par instinct naturel, les cyborgs se perdent dans des reflections mal amenées et nullement développées de quête d'identité, se demandant si leurs souvenirs sont réels, si ils existent vraiment, d'accord c'est du cinéma Dickien, mais là ça fait parodie de Blade Runner, en plus, l'aspect philosophique cherche à se montrer comme étant LE grand thème du film, alors qu'il est mal intégré dans le paysage, les personnages l'aborde n'importe quand, à des moments de la narration où il devrait se passer de l'action ou du développement de leurs personnalités, ces questionnements existentielles n'ont ni queue ni tête car ils ne se fondent pas dans le décor et ne sont énumérés que brièvement sans but d'aboutissement.


Après, encore une fois, j'ai trouvé intéressant le concept du "Ghost", c'est là la chose qui m'a fait accrocher un minimum, avec quelques décors visuellement très beaux, rien d'autre ne m'a marqué plus que ça dans ce film. Surtout pas les personnages. Et puis, pourquoi les deux seuls persos féminins un temps soit peu important de l'histoire passent leurs vies à poil? L'héroïne a apparement son camouflage intégré dans sa cyber-peau, mais c'est la seule, les autres camouflages son sous formes de vêtements, mais elle non, elle se trimballe le cul à l'air sans que ça ne choc personne, dans les deux tiers de ses apparitions elle est nue, et je ne parle même pas de l'antagoniste qui elle est nue du début à la fin. Non pas que la nudité soit de trop, mais la logique employée pour la justifier est idiote, "le camouflage", mais alors pourquoi il n'y a personne d'autre à poil? Encore un but de faire vendre le film plus qu'une raison réel pour l'avancement du scénario, et c'est bien dommage, ce n'est utilisé ici que dans l'objectif d'attirer un max de monde à voir le film, et c'est amené de façon assez perverse dans le film, et le pire c'est qu'à la fin, cette fille qui se déshabille tout le temps se retrouve avec un corps de petite fille, bonjour l'idée dégueulasse.


L'action décousue est interminable, donnant un rendu lent malgré la dynamique des actions et ces héros très peu développés qui, bien qu'ils fassent mine de remettre en cause leur réalité, n'ont, ni leur passés, ni leur personnalités d'argumentées, ils ont pour seul détail un caractère prédéfini pour chacun d'eux, donnant un rendu plat et froid, certe ils sont plus proches de la machine que de l'humain, mais ils auraient quand même mérités un meilleur traitement dans leurs créations.
La bande dessinée sera peut-être plus logique et compréhensible, en tout cas je l'espère.


Ainsi, on a là une œuvre qui n'a de "chef-d'œuvre" que le titre qu'on lui donne pour moi, car cette critique n'est que mon avis et n'engage que mon opinion, il s'agit là d'une simple histoire de SF noire comme il s'en fait des centaines, n'apportant rien au genre, ne donnant aucune réflexion nouvelle ou profonde, tentant de marcher dans l'ombre de Blade Runner en ne changeant que le décor et les protagonistes.
Bien qu'il y est des choses intéressantes et sympathiques dans ce Ghost In the Shell, je me suis ennuyé devant. La thématique principale n'étant pas clair, l'histoire n'étant pas aboutie, les héros n'étant que des marionnettes sans âme, rien ne me convainc dans cette œuvre.


VR_

ubik48
4
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le 29 sept. 2016

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ubik48

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