Dès la fin des années 2000, les films de requins tueurs retrouvent leurs mordants, c’est le retour de la sharksploitation. Cette nouvelle vague est due notamment à la chaîne Sci-Fi renommée Syfy en 2009 qui commande un sacré filet de films où la nature reprend ses droits, et où le requin a une place de choix, croquant allégrement ce qui lui passe sous la dent.


Si certains productions tentent d’imiter la recette des Dents de la mer, d’autres nagent vers d’autres eaux, dans une démesure d’idées folles qui attireront les spectateurs de la chaîne Syfy et les acheteurs de DVD. Dans cette belle liste, citons les horreurs biologiques de Mega Shark, Sharktopus, 2-Headed Sharks ou des requins tout-terrains à l’image de ceux de Sand Sharks et de Avalanche Sharks, et tout cela rien qu’entre 2009 et 2012. En 2013 déboule la star Sharknado, déclinée en de multiples suites, mais aussi ce Ghost Shark.


Ce long métrage est écrit et réalisé par Griff Furst, acteur à ses heures et pas que sur des productions mineures, qui s’est déjà fait la main sur l’aileron avec Swamp Shark en 2011 et qui récidivera en 2017 avec Trailer Park Shark et en 2018 avec Nightmare Shark. Le requin c’est son dada.


La majorité de ces films exposant leur concept dès leur titre, qui doit capturer l’attention du spectateur, Ghost Shark ne ment pas sur sa marchandise. Un Grand Bleu tué par des pêcheurs du dimanche idiots revient sous forme spectrale se venger auprès de la petite bourgade de Smallport en Floride. Un groupe d’adolescents qui a été témoin de sa première attaque n’est pas cru par les autorités, mais va tenter de lever cette malédiction.


Avec un tel scénario, le spectateur sait à quoi s’attendre, il aura droit à une histoire simple, des personnages sans grande profondeur, des morts brutales et puisqu’il y a du soleil et de l’eau, des jeunes filles en maillots de bain. Tout cela Ghost Shark l’offre. Mais sans dédain.


On peut même trouver au film un certain sens de la générosité, qui témoigne d’un supplément d’âme autre que celui de surfer sur la vague du requin farfelu. Certes, la trame narrative ne brille pas par son intelligence, le film multiplie les petites bêtises idiotes, les mauvaises décisions, à l’image de cette fête organisée juste après cette première attaque, où certains des étudiants impliqués vont pourtant se rendre. Mais les personnages présentés s’ils sont assez simples, ils n’en sont pas moins suffisamment sympathiques, incarnés par des jeunes comédiens prometteurs, même si pour certains leur carrière n’ira pas bien loin, dommage.


D’autant plus que le danger est partout. Car ce Ghost Shark s’il garde une belle dentition acérée se révèle maintenant bien plus mobile, pouvant surgir de n’importe quel point d’eau. Une idée que le film exploite au maximum, sans aucune gêne : d’un tuyau de plomberie, d’un seau de car wash, d’une baignoire ou d’un gobelet d’eau, et j’en laisse encore pour la surprise. Le tout est ridicule sur le papier, mais n’est pas traité ainsi dans le film, qui se montre suffisamment sérieux pour l’accepter, sans fausse ironie. L’ambition est simple, ce requin peut arriver de n’importe où, il peut refermer ses mâchoires à tout moment, afin d’offrir au spectateur son lot de morts, et de préférence quand il ne s’y attend pas. Nos charmants adolescents proches de la caricature n’y échapperont pas, et beaucoup d’autres aussi, y compris des enfants. Pas de pitié.


Si ces acteurs ont été bien choisis, ils sont aussi bien dirigés. Certains de ces films qui exploitent la mauvaise réputation des requins sont pathétiques, plus proches du navet que du bon petit film, et pourtant ce Ghost Shark se rapproche plus de ce deuxième cas. Griff Furst exploite bien son film, grâce à sa belle lumière californienne, ses acteurs télégéniques, des effets spéciaux assez réussis, mais aussi des cadrages bien choisis. Certains plans sont ratés, trop mal coupés pour être compréhensibles, mais d’autres mettent à profit les spécificités de ce requin tandis que le film ralentit parfois son rythme pour des moments plus calmes, parfois assez esthétiques. Dans les limites de son statut de téléfilm, que certaines critiques acerbes semblent oublier, le film s'en sort vraiment bien.


Léger et doucement bête, Ghost Shark répond au cahier des charges du film de ouf, mais sans vouloir proposer un produit au rabais. Non seulement il exploite bien son requin fantôme mais il le met suffisamment bien en scène, lui et ses victimes, pour que le spectateur ne se sente pas insulté par une production télévisuelle qui le mépriserait.


Avec Ghost Shark, j’ai peut-être aussi découvert un cinéaste, Griff Furst, dont la longue cinématographie dans le film d’exploitation (mais pas que) recèle peut-être encore quelques autres bonnes surprises. Les appréciations d’autres internautes ne jouent pas en sa faveur ? Comme si ça allait m’arrêter.

SimplySmackkk
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le 4 déc. 2021

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