Train-train

En termes de milieux hostiles, le sol aride de la quatrième planète du système solaire n'a sans doute rien a envier aux glaces de l'arctique. En donnant le rôle des envahisseurs (finalement envahis eux aussi) aux humains, Carpenter pensait peut-être faire un joli clin d’œil à l'une de ses meilleures réalisations. Sauf qu'en embarquant pour Mars, il a dû oublier de glisser dans ses bagages une bonne partie de son savoir-faire. On sait par ailleurs qu'on l'y a expédié sans moyens suite à quelques échecs cuisants.

Pourtant, Big John ne manque pas de ressources et on le sait capable de tirer partie d'une situation peu confortable. Las, échoué dans un quelconque canyon pour filmer un western d'anticipation fauché, il passe totalement à côté de son film et met la gomme sur des scènes d'action neurasthéniques qui viennent encore aggraver le ratage en cours. Le métrage, sérieusement plombé par des interprètes qui semblent se demander ce qu'il font là, se résume alors à quelques scènes gothico-gores sans inspiration et à une bande-son assortie qui reste la seule chose à sauver du naufrage.

Le cruel parallèle qui s'établit entre The Thing et Ghosts of Mars vient donc souligner le manque total de vision du réalisateur qui se contente d'une vague et étrange réflexion sur une société sexuellement univoque guidée par un pouvoir non paritaire. En termes de subversion, on a vu mieux. Trop frontale sur la forme, sans véritable propos sur le fond, l'équipée très peu sauvage s'enlise et entraîne avec elle son vaillant cavalier qui a déjà presque lâché les rennes.