Langage des dignes
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Gloria Mundi serait "le dernier film avant la guerre" selon les mots de Jean-Pierre Daroussin quand Robert Guédiguian lui a montré le film à la fin du montage. Thème récurrent dans l'histoire du cinéma et dans celle de l'année 2019, les conflits sociaux étaient déjà au cœur de la Palme d'Or à Cannes du réalisateur coréen Bong Joon-Ho avec Parasites. La vermine voyagerait bien, elle aurait même pris la route du Pacifique, de l'Atlantique et de la mer Méditerranée pour arriver à bon port, celui de la cité phocéenne. Gloria Mundi s'ouvre pourtant sur une sublime scène d'accouchement avec la venue au monde d'une nouvelle beauté, d'un ange, d'une étoile nommée Gloria parmi les maux contemporains de la société. Dès lors, une lettre avec une photo de Gloria sont envoyées dans une prison rennaise où Daniel, son grand-père par les liens du sang, est incarcéré. À sa sortie de prison, il décide de prendre le car et retourner à Marseille.
Robert Guédiguian dépeint ici une famille divisée dans un Marseille délabré. Dans cette famille, pleine de vie et de vices, l'humanité y est parfois collective, souvent égoïste. Chaque situation engendre des conséquences aux nombreuses répercussions, les décisions des uns influenceront la vie des autres. Guédiguian filme les signes du monde actuel avec parcimonie, alternant les conflits familiaux, sociaux et ceux du boulot où chacun trime pour extirper un pécule d'argent. À ces maux contemporains (le rejet de l'autre, la prostitution, les addictions, la pornographie, la présence de soldats armés dans les rues...), filmés dans un Marseille hyperréaliste, décor qui sert à la dramaturgie du film, Gloria brille, ou plutôt le calme et la sagesse de son grand-père sorti de prison qui cultive les haïkus. La tension monte au fil des minutes. Jusqu'où iront certains pour assouvir leur souhait de grandeur à côté des minables, pour obtenir un repas à partager, un emploi digne, une visibilité dans ce monde des oubliés ? La folie humaine amène chacun à se retourner l'un contre l'autre, à se tirer dans les pattes, à écraser son semblable tandis que Richard (Jean-Pierre Darroussin) et surtout Daniel (Gérard Meylan) -mais aussi Robert Guédiguian, apportent un véritable regard conciliant sur les tensions. Sans leurs sacrifices, la guerre aurait peut-être déjà lieu...
Mes critiques sont à retrouver sur mon blog : https://lestylodetoto.wordpress.com/2019/12/02/gloria-mundi-le-dernier-film-avant-la-guerre/
Créée
le 2 déc. 2019
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