Mélanger le film de zombies et le film de football, à première vue cela ressemble à un mariage improbable entre deux publics différents et pourtant.
Certes, il s’agit plus d’un film de zombies qu’un film sur le football mais le sport roi est ici plus qu’un prétexte, il sert de cadre. Nuance. C’est à dire qu’un effort a été apporté pour rendre crédible cette rencontre de 32ème de finale de Coupe de France entre le grand Olympique de Paris et le petit club de Caplongue. Le genre de rencontres dont le football français raffole entre le petit poucet et le grand club. Pour introduire ce match, on a même droit à des images du Canal Football Club avec Pierre Menes et Hervé Mathoux. La galerie de personnages (et ses clichés) est là aussi représentative du monde du ballon rond : la star vieillissante qui revient dans le club de ses débuts (Samuel Lorit incarné par Alban Lenoir), la jeune star promettante imbue de sa personne , l’agent de joueurs forcément véreux, les “ultras” locaux en permanence imbibés,...
Mais revenons à nos zombies. Là où le football trouve toute sa place c’est que l’allégorie du zombie fonctionne parfaitement dans le milieu du football. Ses hordes de supporters décérébrés qui se massent chaque week-end dans le temple du stade pour contempler 22 mercenaires avides d’argent (ça c’est pour la caricature) ont indéniablement un côté zombie. Là où les zombies de Romero restent happés par le monde du consumérisme et le centre commercial, les zombies de goal of the dead restent attirés par le stade de football. Ce dernier est l’endroit rêvé pour faire démarrer une pandémie, autant de gens rassemblés dans un même endroit et collés les uns aux autres, c’est l’idéal pour que les supporters se transforment en zombies les uns après les autres. Des zombies un peu particulier d’ailleurs qui peuvent vous bouffer bien entendu mais surtout qui vous vomissent dessus. Pas d'échappatoire dans le petit stade de Caplongue, visiblement pas aux normes (Prends ça l’UEFA). A partir de là, le film bascule clairement dans un survival finalement assez classique mais pas dénué d’intérêts car Goal of the dead évolue sur le segment de la comédie horrifique. C’est peut-être le principal reproche que l’on peut faire au film d’ailleurs, de ne pas se lâcher assez dans l’humour. Il y avait de la place pour faire une grosse farce potache.
Goal of the dead ne se distingue pas uniquement par son scénario original mais aussi par son expérience de distribution singulière puisque le film n’ a pas bénéficié de sortie nationale au cinéma. Il a été diffusé lors de projections événementielles à Paris avant “d’entamer” une tournée en Province. Le film se distingue aussi par son format puisqu’il se décompose en 2 parties (nommées mi-temps) de 70 minutes chacune réalisées par 2 réalisateurs différents. Benjamin Rocher (La Horde) se charge de la première mi-temps et Thierry Poiraud (Atomik Circus) de la deuxième.
Une expérience de distribution vraiment originale qui fait du bien au cinéma de genre français toujours trop frileux en la matière. La réussite de Goal of the dead est en ce sens vraiment encourageante.