Longue vie au Roi des monstres!
En 1998, Roland Emmerich faisait découvrir au grand public Godzilla. Le monstre japonais renaissait avec plus ou moins de succès et, sans pour autant renier les origines de Godzilla, on avait droit à un blockbuster banal. 16 ans plus tard, le mastodonte revient sur nos écrans et c’est effarant de voir à quel point la version de 98 effleurait à peine la légende de la bête.
Gareth Edwards nous propose donc sa vision de Godzilla et mon dieu: quelle vision! Dès les premières secondes, le réalisateur rend hommage au passé de Godzilla via un excellent generique d’ouverture. Le ton est aussi donné immédiatement avec Bryan Cranston. Grâce à son jeu (excellent, comme d’habitude), l’acteur parvient aisément à nous transmettre son stress et à nous faire sentir la catastrophe à venir. Tout en posant les bases de son histoire, Gareth Edwards installe une atmosphère particulière. Cette atmosphère sera lourde, oppressante jusqu’à devenir apocalyptique et surtout elle ne retombera jamais!
On est dans un film de monstre mais pas de précipitation pour nous les montrer. D’autant plus qu’on se focalise plus sur les hommes et leur fameuse "arrogance" à croire qu’ils peuvent faire face à des forces de la nature qui les dépassent. Perdus au milieu des combats entre les créatures, l’impuissance des hommes contraste énormément avec l’invincibilité de ces monstres. Néanmoins, alors que dans certain films on assisterait sans culpabiliser à la destruction des villes, Gareth Edwards ne tombe pas dans le piège du "blockbuster spectaculaire" et choisi la plupart du temps de nous faire arriver après la bataille et de nous mettre devant les dégats.
Parmi tout ce bordel, on n’échappe pas au traditionnel cliché type des films catastrophe: celui du bon soldat/père américain qui doit retrouver sa famille. Cependant Aaron Taylor Johnson s’en sort vraiment bien dans le rôle. Sa mission en tant que soldat est beaucoup plus mise en avant que son besoin de retrouver sa femme (Elizabeth Olsen) et son enfant.
Les stars du film, c’est bien évidemment ces monstres titanesques. Et là, on en a pour notre argent. C’est tout simplement bluffant mais comme je l’ai dit plus haut, Gareth Edwards a entre les mains tout les moyens pour nous offrir le blockbuster le plus spectaculaire du siècle mais il s’amuse avec nous. Au moment où les créatures sont sur le point de se crêper le chignon, le réalisateur prend un malin plaisir à nous dire: "non, non, non! On passe à autre chose: la baston, c’est pour plus tard!". Ça en devient frustrant!!!! Mais avec le recul, c’est une idée de génie!
Dans Pacific Rim, on avait tout de suite droit aux combats. Mais le film s’est dévoilé un peu trop tôt au point d’avoir un sentiment de redondance pour le combat final. Dans Godzilla, Gareth Edwards retient la laisse de ses bêtes et la lâche petit à petit. Le climax monte donc au fur et à mesure et dès qu’il estime qu’on est sur le point d’exploser, il détache ses monstres et nous autorise enfin à les voir se battre. Pour les gens qui étaient choqués par la destruction de Metropolis dans Man of Steel: vous n’avez encore rien vu! Godzilla rend clairement hommage aux origines japonaise du roi des monstres. Les affrontements en pleine ville sont déments, les infrastructures ont l’air d’être fait en papier. Nos créatures cassent les batiments aussi facilement qu’une biscotte. D’autant plus que le réalisateur ne succombe pas à la mode de la shaky cam: les scènes d’action et de combats sont claires et bien réalisées. Mieux encore, les angles de vue utilisés mettent en valeur les tailles des bêtes ce qui rend le tout encore plus impressionnant. On félicitera le montage des bandes annonces qui ont su garder toutes les surprises du film.
Au final, Gareth Edwards maitrise parfaitement son film. La réalisation est impeccable. Le réalisateur l’a avoué lors d’une rencontre organisée après la projection : il y a une grande influence des anciens films de Spielberg. Le film se dote aussi d’une excellente photographie et la composition d’Alexandre Desplat colle parfaitement à l’ambiance. Le casting s’en sort aussi généralement bien.
Ce Godzilla version 2014 est une pure réussite. Haletant, spectaculaire, ce film assume son coté bourrin tout en étant intelligent. Jusqu’au bout il rend hommage aux origines du roi des monstres. Godzilla, menace pour l’homme ou protecteur???