Après avoir tourné en 1998 pour Roland Emmerich, Godzilla revient enfin au cinéma. Il a pris du poids, il a grandi, il pue de la gueule, il s'est pris des bombes nucléaires dans la figure pendant pas loin de 50 ans mais il nous aime toujours, nous petits humains prétentieux. Et il va venir nous sauver quand on aura besoin de lui. Il est chouette quand même ce vieux pépère.

De Godzilla, je ne connaissais que le précédent film hollywoodien et j'étais curieux de savoir comment serait ce nouvel opus. Je savais que ce serait un blockbuster, ça ne pouvait être que ça mais le départ n'était pas trop mauvais avec un début qui faisait écho à Fukushima. Et puis les vilains monstres se protègent en éteignant toutes nos technologies électriques. Ca n'a aucun sens pour des bestioles venus du fond des âges mais bon, ça a le mérite d'offrir des possibilités intéressantes. Et puis soudain, le spectateur se fait ensevelir sous une montagne immense de clichés banaux : la relation père fils conflictuelle, le fou moqué qui avait en fait raison, l'armée américaine qui prend le contrôle de tout avec ses mauvaises idées, le héros courageux et talentueux qui survit à tout pour sauver sa famille, ses amis, des inconnus et les monstres qui détruisent nécessairement une grande ville américaine. Une catastrophe.

Et dans tout cela, on ne voit pas beaucoup celui qui a donné son nom au film. Si Godzilla est un élément central du scénario, il n'est qu'un prétexte dans sa réalisation. Il s'agissait ici de construire un film sur la relation entre les hommes et la nature. Cette nature qui les dépasse et qu'il ne peuvent parvenir à maîtriser malgré tous leurs efforts. Une nature hostile où Godzilla représente une force supérieure — quasiment une déité — en charge de rétablir un équilibre dans lequel l'humanité pourra enfin survivre. Et ça pourrait être une chouette idée si la montagne de clichés dont je vous parlais tout à l'heure ne venait pas s'écraser en plein dans notre face. Ca pourrait être une idée formidable si Ken Watanabe n'incarnait pas n'importe comment un scientifique de toute apparence un peu dérangé et pas franchement convaincant. En fait, il aurait fallu que le public puisse se sentir proche des personnages. Mais servie par un jeu d'acteur tout à fait quelconque ou parfois même un peu mauvais, la sauce ne prend pas.

Mais cela dit, j'ai tout de même apprécié une grande partie du film. Parce que même s'il remplit à minima son rôle de blockbuster côté scénario, beaucoup de passages sont filmés avec intelligence. Godzilla, le monstre que tout le monde voulait, se fait très longtemps désirer. Pendant une très grande partie du film, il n'est qu'une ombre qui grandit peu à peu. C'est de là que vient la tension. Quand déploiera-t-il enfin sa puissance pour sauver les hommes ? La créature qui ressemble véritablement au monstre des origines, se fait désirer. Et lorsqu'il apparaît, il est magnifique. Parce qu'on l'attendait et parce qu'il est vraiment très bien réalisé, tout en gardant un petit aspect costume dans lequel un acteur s'est glissé. Et notre plaisir ne sera pas vraiment gâché par un combat final un peu fade. Parce que pour les combats énergiques et dans lesquels on veut se sentir impliqué, on préfèrera largement Pacific Rim.

Mais voilà, j'ai tout de même trouvé de quoi m'amuser dans ce nouveau Godzilla. Je sais pertinemment que ce n'est pas un grand film, ni même un grand blockbuster mais comme le film d'Emmerich, il y a de quoi se faire plaisir pour peu que l'on soit client du genre.
KMP
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le 26 mai 2014

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KMP

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