Quand on en est à son 7e Godzilla, on pourrait penser que l'on sait à quoi s'attendre ou plutôt que l'on sait que l'on ne doit pas s'attendre à grand chose de neuf. Les précédents n'ayant finalement été que des redites du premier y apportant surtout de nouvelles créatures mais peu d'évolutions scénaristiques ou formelles, et s'inscrivant dans une logique de film ayant pour but d'être rentables et donc de ne pas sortir le public de sa zone de confort.

Godzilla contre Hedorah m'a prouvé que j'avais tort sur ce point et d'une plutôt belle manière. En effet dans ce film Yoshimitsu Banno (dont c'est le seul Godzilla et quasiment le seul film en tant que réalisateur) et son équipe arrivent à tenter des trucs avec Godzilla, chose qui n'était pas arrivée durant les dix ans d'existence de la franchise (à part si on prend en compte le Fils de Godzilla mais ça c'est clairement pas une tentative fructueuse).

Godzilla contre Hedorah est avant tout un Godzilla de bonne facture, comparé à la flemme affichée des dernières réalisations d'Ishiro Honda cela fait du bien :

  • Niveau costume Hedorah fonctionne super bien, c'est tout bête on arrive presque à se laisser imaginer que ce n'est pas un mec dans un costume.
  • Niveau combat, Hedorah est super puissant, ça donne des combats assez travaillés qui restent toutefois mous voire nanardesques par moment.
  • Niveau scénario rien de bien nouveau non plus mais le message écologique passe plutôt bien et rentre complètement dans l'essence du film

Au delà de tout cela, l'intérêt principal de Godzilla contre Hedorah réside surtout dans sa forme audacieuse, tout y est étrange et extrêmement coloré, que ce soit les scènes de transformation épileptiques, le générique qui ressemble à un clip d'un groupe de rock psychédélique, les scènes animées et les scènes en noir et blanc, cette créativité de tous les instants n'a pas laissé une minute de répit à mes yeux. Tout cela provoque un étrange sentiment de jamais vu, ce Godzilla psychédélique interroge, est-il une réelle tentative artistique ou un simple film commercial surfant sur la vague du psychédélisme qui emportait tout sur son passage à l'époque ? Si la folie de la mise en scène porte bien le message anti pollution et pourrait le faire passer pour un film hippie, on y voit tout de même une bande de joyeux musiciens voulant jouer du rock pendant que le monde s'écroule se faire tuer de manière assez violente, ce qui peut clairement le faire passer pour un film anti-hippies. Après tout peu importe, le film passe très bien, il a notamment une fin en feu d'artifice, éblouissante visuellement, apportant sans doute un des meilleurs combats de la franchise, en tout cas le plus barjot (Hedorah est clairement pote avec Optimus Prime et Godzilla vole grâce à son souffle de feu c'est énorme), qui se finit sur une semi-victoire de Godzilla. En effet s'il a gagné le combat, il a surement perdu la guerre comme nous l'annonce la répétition des mêmes plans de déchets que ceux que l'on a vu au début : on ne gagne jamais la guerre contre cet éternel renouvellement qu'est la pollution.

Le film aurait pu se finir avec classe sur ces plans mais nous offre quelques plans bonus de l'enfant dont tout le monde se fiche qui remercie Godzilla, c'est dommage et très nul mais si c'était le prix à payer pour que le reste du film soit tel qu'il est, ça me va.

En bref, malgré ses défauts je suis très content que ce film existe, j'espère qu'il y en aura d'autres aussi créatifs mais j'en doute fortement.

arthurdegz
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le 3 juil. 2022

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